La notion de diversité est devenue l’un des lieux communs de la réflexion sur la fonction publique. En 2004, déjà, le rapport sur la diversité souhaitait « [la] diversifier pour qu’elle soit plus représentative de la nation ».
Onze ans après, les vœux pieux sont devenus inaudibles à l’heure où la participation de tous aux services publics est le meilleur rempart contre les forces centrifuges qui animent notre société. Comment légitimer l’action publique si les personnels l’incarnant, notamment l’encadrement supérieur, sont parfois ressentis comme disjoints de la population ? Les collectivités ne doivent plus tendre un miroir sans tain aux habitants qu’elles servent quotidiennement.
Obstacle du concours
En Seine-Saint-Denis, ce risque est d’autant plus fort que le recrutement d’agents représentant la diversité du territoire est rendu difficile par les obligations légales en la matière. La population plus jeune, moins diplômée ou d’origine variée (170 nationalités sont présentes) ne se retrouve que trop peu dans le portrait-robot du lauréat des concours. Plafond de verre, codes sociaux implicites, logiques d’entre-soi : autant de barrières que les normes nous empêchent de faire tomber.
Candidat au label « Diversité » de l’Afnor, le département souhaite faire de l’égalité des chances le socle de sa politique de ressources humaines. Toutefois, seule une profonde réforme des modes d’intégration dans la fonction publique et singulièrement sur les postes de responsabilité permettra d’adapter à la société d’aujourd’hui le principe constitutionnel d’« égal accès ».
Protocoles transparents de discrimination
L’élargissement du vivier des candidats, par des actions de sourcing en particulier dans les universités, doit être institué. Mais, surtout, le temps est peut-être venu d’instaurer des protocoles transparents de discrimination, que l’on ne peut qu’appeler positive, à l’endroit des populations issues des immigrations.
A l’instar des mesures relatives à la parité, ces outils sont les seuls à même de rompre avec des incantations si peu suivies d’effet. Sauf à demeurer un sanctuaire, la fonction publique doit redevenir un espace d’ouverture et de promotion. C’est à cette seule condition qu’elle continuera à assurer la qualité des services dont elle a la charge.