La date n’est pas encore connue. Mais en octobre, Georges Méric (PS), le président du conseil départemental de la Haute-Garonne (CD31), espère réunir autour de la même table les actionnaires locaux de la société d’exploitation de l’aéroport Toulouse-Blagnac (SATB) pour discuter du rachat des 10,1 % de parts encore détenues par l’Etat.
Leur mise en vente n’est pas à l’ordre du jour, mais Georges Méric veut se préparer à cette éventualité. « L’objectif du conseil départemental est de ne pas attendre que les parts soient à vendre pour lever toutes les questions juridiques et avancer sur la faisabilité du rachat. Nous ne voulons pas être pris de court comme lors de l’annonce en juillet 2014 de la vente d’une première partie des parts détenus par l’Etat », indique un proche du dossier.
Ainsi, lors de sa conférence de rentrée, le 22 septembre, Georges Méric a confirmé l’envoi d’un courrier au Premier ministre l’informant que le Département « serait prêt au rachat si l’Etat vendait ».
Crowdfunding et mobilisation des collectivités
La collectivité compte sur la mobilisation de Toulouse Métropole, du conseil régional de Midi-Pyrénées et de la chambre de commerce et d’industrie de Toulouse (CCI) pour constituer un pool d’actionnaires locaux. Pour l’heure, les collectivités et la CCI se partagent 40 % de parts dans la SATB (1).
Casil Europe, la société de droit français créée par le consortium Symbiose, est actionnaire à hauteur de 49,9 % suite à la vente par l’Etat de ses parts. L’annonce, par l’homme d’affaire Chinois Mike Poon – qui avait disparu depuis 4 mois et qui dirige Casil Europe -, de sa démission de la SATB, lors du dernier conseil de surveillance le 23 septembre (2), ne change rien à cet état de fait.
Il conforte cependant Georges Méric dans son action. Il veut en outre s’appuyer sur Wiseed, une plate-forme de financement participatif (crowdfunding) toulousaine.
Elle avait fait le buzz en novembre 2014, alors que l’Etat venait de faire connaître le nom des quatre candidats au rachat des 49,9 % de ses parts. Wiseed avait alors lancé un sondage portant sur les 10,1 % des parts restantes de l’Etat.
18 millions d’euros potentiellement levés
«La question consistait à demander si les citoyens étaient prêts à racheter ces parts si elles étaient disponibles. La réponse a été au-delà de nos espérances. Près de 10 000 personnes ont répondu, pour 18 millions d’euros potentiellement levés. Le plus intéressant a été de constater que 43,7 % des personnes interrogés n’habitaient pas la région Midi-Pyrénées », raconte Michel Kaluszynski, directeur général délégué de Wiseed. « Notre motivation était la suivante : nous voulions donner un droit de parole aux citoyens pour la gestion d’un outil qui touche tout le monde et pour préserver l’intérêt général», précise-t-il.
A Toulouse, faute de réelles mobilisations des collectivités, l’initiative en était restée là. Elle a fait mouche ailleurs : à la demande des collectivités locales, Wiseed vient de déposer une demande pour le rachat des parts de l’Etat dans l’aéroport de Nice Côte d’Azur.
Approche citoyenne
Aujourd’hui, à Toulouse, Wiseed revient dans le jeu à la demande du conseil départemental, qui veut profiter de son approche citoyenne. « L’enjeu de racheter les 10,1 % des parts restantes de l’Etat consiste à conserver une majorité publique au sein de la SATB, afin d’assurer le développement de cette infrastructure stratégique sur le plan économique – notamment pour le tourisme – tout en préservant la qualité de vie des riverains », a déclaré Georges Méric, interrogé par La Gazette des communes.
« Le recours à la société Wiseed permet d’associer les citoyens au développement d’un équipement phare de leur agglomération. Leur initiative de novembre dernier avait montré un réel engouement populaire pour le rachat de l’aéroport », poursuit-il.
Limiter la participation des collectivités
De plus, le recours à Wiseed permettrait, dans le contexte contraint de la période, de limiter la participation financière des collectivités locales et de la CCI dans le tour de table du rachat.
Lors de la table-ronde, Wiseed et le conseil départemental présenteront différents scenarii sur le montage juridique et le montant de la participation de chacun. « Il faudra trouver les outils pour empêcher toutes tentatives d’intrusion via le financement participatif. Il faudra se mettre d’accord sur le plafonnement du montant de la participation citoyenne et aussi définir la personnalité juridique des personnes autorisées à entrer dans le capital », explique-t-on dans l’entourage de Georges Méric.
Thèmes abordés
Régions
Notes
Note 01 Le conseil régional de Midi-Pyrénées, le conseil départemental de la Haute-Garonne et Toulouse Métropole détiennent chacun 5 % du capital. La CCI de Toulouse a une part à hauteur de 25 %. Retour au texte
Note 02 Le Conseil de Surveillance est constitué de deux représentants de l’Etat, six représentants de Casil Europe (la société de droit français créée par le consortium Symbiose), quatre représentants de la CCI de Toulouse et un représentant pour chacune des collectivités locales : la Région Midi-Pyrénées, le conseil départemental de la Haute-Garonne et Toulouse Métropole. Anne-Marie Idrac est la présidente du Conseil de Surveillance. Retour au texte