Après des années de palabres et de reports, il semble bien que cette fois, ça y est. Au premier semestre 2016, l’UE devrait avoir “son” agenda urbain. En débat à Strasbourg le 9 septembre, en session plénière du Parlement européen, la chose semblait entendue. « Beaucoup de défis se posent au niveau des villes et c’est au niveau des villes que nous devons trouver des solutions », a martelé la commissaire en charge de la Politique de cohésion, la Roumaine Corina Creţu.
Une musique douce aux oreilles des municipalités, qui vient, de fait, ponctuer un « virement urbain » opéré il y a quelque temps déjà à Bruxelles. « Il y a quand même eu ces dernières années une évolution assez conséquente de la politique de cohésion, avec un passage clairement assumé du rural vers l’urbain », confirme Cédric Virciglio, qui dirige à Bruxelles le bureau de représentation des collectivités territoriales d’Alsace. Témoin, le focus tout particulier mis par la programmation 2014-2020 sur les problèmes des villes.
Couple région-métropole
L’agenda territorial, c’est donc un peu un couronnement. A Strasbourg, les eurodéputés ont défini ce qu’ils en attendaient : une méthodologie, des outils, des engagements pour mieux cibler les financements européens par rapport aux défis urbains, mieux évaluer l’impact territorial des politiques sectorielles, mieux associer les collectivités à l’élaboration des politiques européennes. « Le Parlement européen demande à la Commission de proposer des outils institutionnels adéquats pour rapprocher les instances dirigeantes locales – villes, métropoles, etc. – de la prise de décision européenne », résume Karima Delli (Europe Ecologie), vice-présidente de l’intergroupe « Urban » au Parlement européen. Un discours bienvenu : « Avec la délégation d’autorité de gestion aux régions françaises au 1er janvier 2014 et la réforme territoriale qui arrive, on se rend compte que, sur les territoires, il y aura plus que jamais le couple région-métropole », opine Cédric Virciglio.
A lire aussi Réfugiés, TTIP, agenda urbain : rentrée européenne chargée pour les collectivités locales
Meilleure coordination intersectorielle
La résolution adoptée à Strasbourg insiste tout particulièrement sur une meilleure coordination intersectorielle des politiques qui touchent les villes. « Une nécessité, souligne Karine Daniel, vice-présidente de Nantes Métropole et adjointe au maire de Nantes. Très concrètement, aujourd’hui on a des politiques européennes qui s’appliquent sur les territoires urbains mais de manière très segmentée au niveau sectoriel – politique de l’emploi, des transports, etc. – sans que les choses soient suffisamment intégrées ». Nantes Métropole, qui dirige le réseau européen des villes Eurocities, dit s’être particulièrement engagée pour cet agenda urbain. « C’est une première étape, dit Karine Daniel, qui conduira à une action publique plus efficace, plus intégrée – aujourd’hui, on n’a pas ce prisme -, et menée en dialogue étroit avec les interlocuteurs que sont les collectivités locales, villes et agglomérations. »
Une première étape qui suscite quand même quelques réticences – ce n’est pas pour rien qu’il aura fallu 20 ans pour y arriver. « Du point de vue des régions, il y a peut-être une certaine appréhension de perdre un peu d’influence sur le territoire ou sur la décision, analyse Cédric Virciglio. L’on avait jusqu’ici beaucoup parlé d’une Europe des régions. L’agenda urbain, c’est replacer les villes dans le jeu. » Aux sceptiques qui estiment que ce n’est pas là le rôle de la Commission, la réplique de Karima Delli est toute prête : « La question urbaine est étroitement liée à des secteurs dans lesquels l’UE est directement impliquée, comme les transports, l’énergie l’environnement. Il est donc c’est normal que l’UE s’en empare. C’est logique, nécessaire, indispensable. »
Thèmes abordés