Face à l’inflexibilité de Hollande et du gouvernement, l’AMF n’entend pas baisser les bras et se prépare en vue de sa première journée de mobilisation nationale, le 19 septembre. Même si le tout laisse l’impression que la puissante association avance en ordre dispersé, avec des mots d’ordres très différents d’un département à l’autre. « Nous avons choisi de laisser une grande liberté d’initiative aux associations départementales », explique Philippe Laurent, maire (UDI) de Sceaux et secrétaire général de l’association.
Selon les informations fournies par l’AMF, seul un quart (25) des associations départementales appelleront les maires à descendre dans les rues en écharpe, le plus souvent devant les préfectures, comme en Dordogne, dans la Somme ou en Indre-et-Loire.
Quelques opérations « mairies mortes » sont organisées, mais on est loin de l’activisme affiché par l’Association des maires ruraux de France.
Dans certains départements, on se contentera de la réalisation de tracts ou de publications du manifeste et de la pétition lancée par l’AMF, qui a recueilli plus de 9 000 signatures depuis le 23 août.
« C’est tout de même une première », affirme François Baroin (LR), qui n’a jamais été favorable aux démonstrations de force et se contentera d’aller à la rencontre des habitants sur le marché de Troyes.
Pour le président de l’AMF, le but essentiel de cette journée est de faire de la « pédagogie » et d’expliquer à la population pourquoi, si le gouvernement n’accédait pas aux demandes des maires, « les élus retireront des subventions à telle ou telle association, pourquoi des services publics risquent d’être fermés, pourquoi il pourra y avoir, malheureusement, des augmentations de fiscalité locale et surtout une baisse de la commande publique ».
Fonds de soutien à l’investissement : « on est très loin du compte »
Sur ce dernier point, l’AMF entend maintenir la pression sur le gouvernement. L’association reste perplexe face à la promesse de la création d’un fonds de soutien à l’investissement local, confirmée par Manuel Valls à la fin de l’été puis par François Hollande, lundi 7 septembre, lors de sa conférence de presse de rentrée.
« Un milliard d’euros, cela ne couvre même pas le remboursement de l’aménagement des rythmes scolaires », a ironisé François Baroin, « et c’est encore moins que le coût des normes imposées aux collectivités depuis 18 mois, soit 1,4 milliard d’euros ».
Par ailleurs, le premier vice-président délégué de l’AMF, André Laignel, a rappelé que la baisse des dotations impactait aussi le budget de fonctionnement. Et alors que, selon les chiffres de l’AMF, 1 500 communes sont dans une situation « très compliquée », « si nous avons des crédits en investissement mais sommes asséchés en fonctionnement, nous n’aurons pas la capacité d’investir », affirme André Laignel.
Marquant la volonté des maires d’agir « sur tous les fronts », François Baroin a annoncé qu’il rencontrerait le 17 septembre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, « pour plaider l’importance du soutien à l’investissement public ».
En revanche, il ne semble pas prévu de rencontre avec le gouvernement d’ici la présentation du projet de loi de finances, à la fin du mois. En plus du fonds de soutien, le texte devrait inclure un début de réforme de la dotation globale de fonctionnement, dont le projet a largement été critiqué par l’association.
Réfugiés : rétablissement
Après le couac de la semaine dernière, François Baroin ayant annoncé qu’il n’accueillerait pas de nouveaux réfugiés à Troyes, tandis que des maires de grandes ou petites villes affichaient une position contraire, l’AMF affiche un consensus poli. François Baroin « salue la réactivité du ministre de l’Intérieur et sa volonté d’assurer avec efficacité et dans la dignité l’accueil des demandeurs d’asile ». Le président de l’AMF, qui a été reçu mardi 8 septembre par Bernard Cazeneuve, insiste cependant sur le fait que l’accueil de familles doit se faire « sur la base du volontariat des communes ». Samedi 12 septembre, les communes volontaires pourront se rendre à la rencontre organisée par le ministère, qui devrait leur donner un kit d’information et un mode opératoire pour accueillir les réfugiés. Pour l’instant, il y aurait « plus de 200 communes volontaires », a affirmé François Baroin, citant les chiffres du ministère.
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