Le statut de la fonction publique n’est-il pas un frein pour les maires qui, avec la baisse des dotations, cherchent à réduire leurs dépenses de personnel ?
Certains maires de droite aimeraient mieux ne plus avoir de fonctionnaires du tout. Ils oublient que l’intérim est cher et qu’il ne fonctionne pas dans tous les secteurs. Pour le personnel de la petite enfance, il faut une qualification… Notre gouvernement est très attaché au statut de la fonction publique, qui constitue une garantie pour le citoyen en termes de qualité du service rendu. J’ajoute que l’accès à la fonction publique repose sur le concours qui interdit le recrutement par « voisinage », comme on dit chez moi.
Plus des deux tiers des agents territoriaux sont, pourtant, recrutés hors-concours…
C’est exactement pourquoi nous demandons, dans le cadre du projet de loi « Déontologie », qu’une personnalité extérieure à la commune fasse systématiquement partie du jury chargé de recruter de nouveaux agents.
Où en sont les négociations avec les syndicats sur la revalorisation du traitement des fonctionnaires ?
Les organisations syndicales ont jusqu’à la fin du mois de septembre pour signer ou non l’accord que nous leur proposons. Il consiste à revoir toutes les grilles de la fonction publique pour rendre les carrières plus intéressantes pour les agents, qui plafonnent souvent au bout de 18 à 25 ans. Avec notre projet, les carrières seront plus longues mais plus attractives. Plutôt que de revoir le point d’indice, nous faisons ce choix-là car il est le plus juste.
Quelles seront les conséquences pour les agents ?
Si l’on avait décidé d’augmenter le point d’indice, un agent de propreté, qui gagnera 31 € de plus par mois avec notre proposition, n’aurait gagné que 14 € de plus par mois. Idem pour un professeur, qui gagnera 74 € de plus par mois avec notre réforme, alors que le point d’indice n’aurait augmenté sa rémunération mensuelle que de 16 €.
Si le projet n’est pas accepté par la majorité des organisations syndicales, nous le retirerons complètement, ce qui serait très dommage à mon avis…
Les syndicats contestent l’échéance, lointaine, de 2020 pour les revalorisations des grilles indiciaires…
Il nous faut procéder par étapes car, malgré la meilleure situation économique, nous n’avons pas encore la manne financière pour agir tout de suite. Mais il y a aussi un autre avantage à fixer une date postérieure à la fin du quinquennat : si l’accord est signé, il constituera la parole de l’Etat. Cela signifie que ces mesures seront mises en vigueur, quel que soit le résultat des élections. Elles marqueront le début d’une spirale plus positive.
Qu’entendez-vous par là ?
Avec le gel du point d’indice depuis 2010, les fonctionnaires ont participé à hauteur de 7 milliards d’euros à la baisse de la dépense publique. Le mouvement doit maintenant s’inverser. C’est une réforme de justice qu’il faut mettre en œuvre : les grilles indiciaires doivent être revues à la hausse pour atténuer la multiplication des régimes indemnitaires, notamment dans les collectivités, qui représentent jusqu’à un tiers de la rémunération totale et qui ne sont pas pris en compte dans le calcul des retraites. Enfin, je l’ai annoncé aux organisations syndicales en juillet, nous prévoyons un rendez-vous salarial au printemps.