« C’est inadmissible ! On n’a jamais vu ça ! C’est une méthode despotique ! », fulmine Cécile Jourdan, secrétaire générale de Force Ouvrière à la mairie de Montpellier. « Le dialogue social est bafoué. Nous condamnons la décision du maire de remplacer les grévistes et de demander à recevoir les agents sans les syndicats », s’indigne Nordine Maktoubi, de l’UNSA, syndicat majoritaire.
Depuis la rentrée, la ville de Montpellier a engagé un bras de fer avec les organisations syndicales. A l’origine de ce conflit, la grève suivie depuis le 1er septembre par 80 % des responsables de l’accueil de loisirs associés à l’école (RALAE), chargés d’encadrer le périscolaire : l’accueil, la cantine et les activités. Sur 63 groupes scolaires, 50 devaient fermer le temps du repas de midi et des activités périscolaires, en raison de l’absence des RALAE.
« Pas de chantage ! »
Mais le maire, Philippe Saurel, a aussitôt condamné ce mouvement social et cherché à le contourner. « Pas de chantage ! Je ne laisse pas les écoles fermées, les parents dans la panade et les enfants sur le trottoir », déclarait-il à la presse le matin de la rentrée, dénonçant au passage « les manipulations politiques dans cette période ». La veille, l’intersyndicale, qui avait déposé un préavis de grève le 24 août, s’insurgeait contre le projet de l’édile de remplacer les grévistes par d’autres responsables de l’animation. Finalement, le 1er septembre, Philippe Saurel a envoyé les élus et des cadres administratifs dans les écoles pour « suppléer les agents en grève ». Le mouvement a été reconduit dès le lendemain, mais les écoles sont restées ouvertes…
Le conflit dure depuis quelques mois. Les RALAE réclament une revalorisation salariale, via une augmentation de leur régime indemnitaire. En catégorie C, ils ne touchent pas de prime d’encadrant (80 euros brut), alors qu’ils estiment la mériter largement. « Nous encadrons des animateurs et des intervenants associatifs, et nous avons la responsabilité de centaines d’enfants. Nous sommes titulaires du BAFD ou du BPJEPS, deux diplômes de direction dans l’animation », explique Nordine Maktoubi, délégué syndical UNSA et lui-même RALAE. Les grévistes demandent aussi que leur passage en catégorie B soit facilité par leur employeur, en soutenant leur déroulement de carrière par des formations et la préparation des concours.
« Entrave au droit de grève »
En juin, les responsables des RALAE ont fait grève durant une journée, pour obtenir l’ouverture de négociations. Lors du comité technique du 9 juillet, la direction des services municipaux a décidé de leur accorder une augmentation de 30 euros brut par mois. Les agents ont estimé l’effort insuffisant et, devant l’absence de négociations, ont décidé fin août de se lancer dans une grève perlée, environ deux heures par jour.
Désormais en conflit ouvert avec le maire, les représentants syndicaux protestent. « Il n’est pas autorisé de remplacer [les RALAE] par d’autres personnels sur leurs missions d’animation », affirme l’intersyndicale, dans son communiqué de presse du 2 septembre, qui conclut : « Leurs revendications sont parfaitement légitimes. Les organisations syndicales demandent l’ouverture de véritables négociations et non pas une fin de non-recevoir. » Pour Force Ouvrière, c’est clairement « une entrave au droit de grève et une attaque contre les syndicats ». Le bras de fer continue.
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