Le rapport dresse un constat sans appel de l’échec du système scolaire à réduire les inégalités entre élèves. L’école a réussi le pari de la massification mais pas celui de la démocratisation, c’est-à-dire l’engagement à soutenir la réussite des élèves les plus en difficulté, assène Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, lors de la présentation publique du rapport mercredi 12 mai.
Au regard des moyens investis (3,9 % du PIB), comment le système éducatif français parvient-il à des résultats aussi médiocres ? A savoir : l’un des taux de retard scolaire les plus importants pour les élèves de 15 ans, un élève sur cinq ne maîtrisant pas la lecture au sortir de sa scolarité, un sur six qui quitte le système scolaire sans qualification aucune, ainsi qu’un taux de redoublement qui place la France en tête de peloton dans la catégorie !
En résumé, la France s’affiche comme le pays occidental le plus éloigné de l’objectif d’égalité des chances, estime Didier Migaud. Il existe, certes, des programmes de réussite éducative, d’accompagnement éducatif et d’aide personnalisée mais l’Etat a tendance à privilégier les effets d’affichage en multipliant les dispositifs de remédiation, de soutien ou d’accompagnement. Or, la réalité, c’est que l’on a deux fois moins de collégiens qui bénéficient de programmes de réussite éducative que de collégiens qui sortent du système éducatif sans aucune qualification, souligne le premier président de la Cour des comptes.
Le rapport remet notamment en cause :
- L’inadaptation du système scolaire aux besoins des élèves,
- L’inadaptation de la définition des missions des enseignants, qui date des années 1950 et ne prend en compte ni le travail en équipe, ni les besoins des élèves,
- Le manque de marge de manœuvre des établissements scolaires,
- La définition actuelle du temps scolaire, avec une année de cours très courte, mais des journées très longues, qui s’alourdissent désormais d’accompagnement éducatif ou d’aide personnalisée pour les plus en difficulté,
- Une multitude d’options coûteuses,
- L’absence de connaissance du coût des politiques publiques éducatives.
Réforme globale
La Cour des comptes préconise donc une réforme de l’organisation du système scolaire français, fondée, entre autres, sur :
- le recensement des besoins en accompagnement individualisé des élèves,
- la concentration des moyens et dispositifs d’accompagnement sur les établissements les plus en difficulté,
- l’autonomie des établissements scolaires dans la gestion de leurs moyens,
- l’évaluation systématique du coût et de l’efficacité des dispositifs éducatifs et des établissements.
Le système scolaire n’en finit plus d’être remis en cause ! Les conclusions du rapport de la Cour des comptes ont en effet pour toile de fond les travaux en cours de la commission sur les rythmes scolaires, les annonces présidentielles autour de la lutte contre le décrochage scolaire, celles issues des Etats généraux de la sécurité à l’école concernant le choix de l’équipe pédagogique par les directions d’établissements en REP, ainsi que la récente nomination du référent illettrisme.
Les préconisations de la Cour des comptes font en outre écho au constat du récent rapport de l’Institut Montaigne, « Vaincre l’échec à l’école primaire », selon lequel l’école primaire accroît les inégalités sociales et qui insiste notamment sur la nécessité de revoir les rythmes scolaires, ainsi que l’octroi d’un statut et d’un pouvoir de pilotage au directeur d’école.
La réduction des inégalités entre élèves et le soutien à la réussite éducative des plus en difficulté, terrain fortement investi par les collectivités au travers de dispositifs mis en place lors des temps péri et extra-scolaires, sont-ils appelés à connaître de nouveaux bouleversements ?
Depuis 2007 et la mise en place de l’accompagnement éducatif et de l’aide personnalisée, les rentrées scolaires s’avèrent délicates pour les collectivités : septembre 2010 pourrait bien ne pas faire exception à cette nouvelle « tradition ».
Références
Téléchargez le rapport de la Cour des comptes L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves