Nos politiques de santé mettent de plus en plus en avant la maîtrise des dépenses et la « gestion du risque ». Cela se traduit de temps à autre par des réactions contestataires ou revendicatives, entendues parfois comme corporatistes lorsqu’elles sont catégorielles.
Mais en réalité, les soignants, notamment les infirmiers, s’interrogent sur le sens et le contenu de leur métier, avec le sentiment d’une déshumanisation du soin face aux impératifs de qualité orientés vers une forte technicité (succession d’actes techniques protocolés) et aux contraintes économiques, traduites en objectifs productivistes.
Ce ressenti est fort dans le secteur sanitaire où le virage ambulatoire exige un lourd effort de réorganisation, d’adaptation des cultures de travail, et de coordination entre tous les intervenants médico-soignants.
On le trouve également dans le secteur de l’hébergement des personnes âgées du fait de l’insuffisance du ratio soignant/soigné face à l’augmentation du taux de dépendance des personnes hébergées, ou dans les établissements de santé mentale dont les ressources ne permettent pas un développement suffisant des alternatives à l’hospitalisation.
Pour les personnels de nos secteurs, il est essentiel que soit préservé le « prendre soin » qui doit imprégner nos cultures de travail et notre relation aux personnes prises en charge ou accompagnées, sans oublier les proches et les aidants.
Un contexte de forte contrainte économique ne peut justifier que l’« efficience » recherchée puisse être obtenue au détriment de la qualité de la prise en charge ou de l’accompagnement des personnes. L’attention portée à l’autre, qui demande un minimum de temps pour lui être disponible, est le premier soin à lui apporter.
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