Quelle définition donneriez-vous de L’Économie du Nouveau Monde ?
C’est une économie relocalisée. Nous proposons un changement de paradigme qui repose, non plus sur les énergies fossiles et fissiles, mais sur l’éco-énergie. Soit, une nouvelle efficacité, connectée, soucieuse de l’environnement et de la qualité de vie, créatrice d’emplois. Il s’agit de faire mieux avec moins, et pour le bien commun. En résumé, c’est le mariage du digital et de l’environnemental basé sur les synergies locales.
Pourquoi miser ainsi sur l’échelon local ?
Quand on regarde ce qui fonctionne en France, on se rend immanquablement compte que les projets innovants émanent des collectivités locales qui sont au coeur de la transformation. Sans oublier les entreprises et les citoyens.
Les synergies locales sont ainsi les plus efficientes et font le succès de la transition. J’en veux pour preuve, notamment, le réseau des Territoires à énergie positive (Tepos), l’association Amorce ou les Villes pour le climat.
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A l’échelon régional, je citerai en exemple le Nord-Pas-De-Calais, la seule région, comme précisé dans le rapport, qui « a eu une véritable vision de ce que pouvait être un projet à long terme pour entrer dans la troisième révolution industrielle ».
Grâce à la coopération entre les présidents du conseil régional et de la CCI, des collèges ont élaboré, à partir du Master plan proposé par Jeremy Rifkin, un schéma directeur de la région qui vise à une autonomie énergétique complète en 2050. Je crois à la troisième révolution industrielle, défendue par cet économiste américain. C’est pour cela que je souhaite transposer cette stratégie de développement à toutes les régions de France, en tenant compte, bien sûr, des spécificités locales.
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Quelles autres mesures préconisez-vous au niveau des collectivités territoriales ?
Le rapport recommande d’instaurer des contrats pluriannuels avec les acteurs régionaux, pour assurer une pérennité dans les investissements, et de mettre en place des garanties publiques régionales pour sécuriser le financement de projets innovants.
Par ailleurs, il s’agit de favoriser la finance locale par la mise en œuvre de Plateformes d’intérêt coopératif au plan local. Ou encore, d’impliquer les CCI dans l’accompagnement des TPE et PME dans la nouvelle économie.
Enfin, il faut permettre aux collectivités territoriales de revenir à la régie pour l’électricité, comme à Montdidier (Somme). Dans ce canton, qui compte 12 500 habitants, 53 % des besoins en énergie électrique sont fournis par des panneaux photovoltaïques et des éoliennes publiques de la commune de Montdidier. La mairie a en effet repris en main, en régie, non seulement la production, mais aussi la vente de l’électricité.
Si vous encensez les collectivités territoriales, vous n’êtes pas tendre avec l’Etat !
Comme nous l’écrivons dans le rapport, « l’Etat reste bloqué sur une économie du XXème siècle et ne croit pas vraiment à la troisième révolution industrielle ». Si le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte va dans le bon sens, ce que je déplore, c’est la politique des petits pas qui empêche une inversion de tendance. Et puis les lois ne font pas tout. D’ailleurs, beaucoup d’entre elles ne sont pas appliquées.
Autres obstacles : notre système très vertical et centralisé qui empêche de dépasser le plafond de verre. Les normes, obsolètes, favorisent les rentes et font que l’accès au marché des nouveaux entrants relève du parcours du combattant. Sans compter l’addiction à l’énergie nucléaire.
Pourtant, nous avons tout pour réussir. C’est la bonne nouvelle de ce rapport, véritable boîte à outils. En témoigne cette multitude de bonnes pratiques, mises en oeuvre au niveau local, auxquelles nous avons donné une visibilité. Reste à changer d’échelle (et de lunettes !). L’heure est venue pour l’Etat de devenir le chef d’orchestre de ces initiatives et de lever les obstacles pour une transition vers le Nouveau Monde.