Les départements ont été au cœur des volte-face gouvernementales et parlementaires depuis un an. Comment les agents ont-ils vécu cette situation ?
Nous avons noté trois types de comportement. D’un côté, les défaitistes pour lesquels tout était perdu. D’un autre, les incrédules. Et puis les opportunistes pour lesquels la réforme a été l’élément déclencheur pour partir de la collectivité. D’autres l’ont vu comme une opportunité de recentrer les politiques départementales sur leur secteur d’activité. Nous avons aussi vu des agents candidater sur des postes en mobilité interne, assurés de rester dans le giron du département, pour ne pas risquer d’être transférés. Certains recrutements de cadres n’ont pas abouti. Tout d’un coup, les candidats devenaient hésitants…
Durant l’été 2014, nous avons senti une montée d’adrénaline parmi les cadres qui avaient le sentiment de « faire partie de l’Histoire ». L’automne arrivant, le Sénat a basculé à droite et on n’a plus parlé de la disparition des départements. Nous avons alors senti un retour d’inquiétudes, moins constructif. Quand les cadres ont vu que la situation s’enlisait, ils n’ont plus eu beaucoup d’arguments pour motiver les agents. Et ceux qui pensaient tirer la couverture à eux se sont rendus compte que tout le monde pouvait y perdre en raison de la fragilisation de l’institution.
Comment la collectivité a-t-elle réagi de son côté ?
L’année 2014 a été pour nous une année record de recrutements de contractuels, ne sachant pas trop de quoi demain serait fait. A partir de l’expérience des précédents transferts de personnels, nous avions commencé à faire des simulations. Mais très vite, nous nous sommes aperçus que le projet était mouvant. Nous avons donc arrêté ce travail de projection. Pour faire face à la démobilisation, nous avons élaboré un plan stratégique pour le nouveau mandat. C’était une manière de se projeter sur un projet pluriannuel.
On sait déjà que les transferts auront des impacts sur les services supports qu’il faudra réorganiser
Et aujourd’hui, comment envisagez-vous les prochains mois ?
On dit qu’il faut anticiper. Mais cela reste encore aujourd’hui très difficile pour nous, département. Nous attendons que la loi soit votée pour nous organiser. Mais on sait déjà que les transferts auront des impacts sur les services supports qu’il faudra réorganiser.
Du côté de la DRH, trois approches sont possibles. Soit rester sur de la gestion pure et se défausser sur les textes pour justifier des décisions. Soit avoir une approche un peu cynique en prenant l’alibi de la réforme et de la nécessaire optimisation financière pour engager des changements qu’on n’avait pas osés faire. Ou bien, assumer les changements, en travaillant sur la prévention des risques psychosociaux.
La question qui se pose alors est celle des moyens. Il faudrait que les décrets prévoient des moyens financiers pour l’accompagnement RH de la réforme. Car il est clair que sa mise en œuvre va générer pour nous des efforts d’accompagnement pour reconstruire les projets professionnels et redéfinir nos procédures.
Il faudrait que les décrets prévoient des moyens financiers pour l’accompagnement RH de la réforme
Cet article fait partie du Compte-rendu
Anticiper la réforme territoriale et accompagner les agents
Sommaire du dossier
- Anticiper la réforme territoriale et accompagner les agents
- « Les transferts nous ont obligés à repenser nos propres procédures » – Maryse Chiron (Pays de la Loire)
- « Nous attendons que la loi soit votée pour nous organiser » – Vincent Lecomte (Vendée)
- « Il est nécessaire que l’évolution soit comprise par les personnels » – Patrick Coroyer (Nantes métropole)
- « L’enjeu n’est pas le même dans les petites collectivités » – Christophe Richard (Loire-Atlantique)
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