Quel premier bilan tirez-vous du mercato des DG de départements ?
Cela se passe de manière plus sereine que lors des municipales de l’an dernier. Dans mon département, nous nous sommes donné les moyens qu’il en soit ainsi. Nous avons gardé un poste, vacant, de directeur délégué, pour qu’il soit occupé par le futur DGS. Mon successeur sera Michel Delamaire. C’est un administrateur comme moi. En plus, ce qui ne gâche rien, c’est un adhérent à l’AATF. Et surtout, Michel Delamaire est un grand pro !
Comment expliquez-vous que ces transitions se fassent en douceur ?
Les départements sont de gros paquebots. Les nouvelles équipes d’élus ont donc tout intérêt à s’appuyer sur les équipes administratives. Le scrutin majoritaire accentue cela. Ce n’est pas un maire qui prend les commandes, mais des élus qui bénéficient tous d’une légitimité propre. Les majorités sont loin d’être monolithiques. Les alternances se révèlent, donc, moins frontales, moins brutales… Tout cela demande cependant confirmation. Le gros des changements n’a pas encore eu lieu. Les décharges de fonction n’interviendront qu’à la fin du délai de six mois, c’est à dire à l’automne.
Pour Pierre Monzani, ancien préfet sarkozyste et futur DGS de l’Oise, « les socialistes ont fortement politisé les administrations départementales. » « Or, dit-il, il faut des administrations qui embraient sur le changement politique »…
Ses propos m’ont un peu interpellé. Qui dit emplois fonctionnels ne veut pas forcément dire spoil system. On voit nombre de collègues rester en poste après des alternances.
A lire aussi Pierre Monzani, agent de liaison des départements de droite
En quoi votre association joue-t-elle un rôle de vigie ?
Sous l’égide de mon prédécesseur, Jean-Marc Legrand, nous faisons le point lors de chaque conseil d’administration. Nous sommes en grande vigilance. Nous avons créé, en notre sein, une cellule d’accompagnement juridique et chaque administrateur peut bénéficier du soutien d’un parrain de crise.
Les administrateurs territoriaux tirent-ils leur épingle du jeu ?
Nous allons suivre à la loupe l’évolution de nos parts de marché. Avant les élections de mars 2015, 52 départements étaient dirigés par des territoriaux (dont 46 par des administrateurs). Un chiffre en baisse par rapport à 2005. Il s’élevait à 61. Ces dix dernières années, le nombre de contractuels a augmenté de 11 à 18. Dans un marché qui se tend, ce n’est pas neutre.
L’émergence de territoires forts au sein de la métropole du Grand Paris rouvre cependant des horizons professionnels…
Attendons la deuxième lecture du projet de loi NOTRe. Les incertitudes restent encore fortes. Aujourd’hui, un territorial pilote un pôle important de sa mission de préfiguration de la métropole du Grand Paris, mais on peut faire mieux… Nous serons aussi particulièrement sur la construction des grandes régions.
Les administrateurs territoriaux peuvent-ils percer ailleurs que dans les collectivités ?
C’est tout l’enjeu. Nous acceptons une saine concurrence dans les collectivités. Mais nous souhaitons en bénéficier ailleurs, en particulier à la tête des sociétés d’économie mixte et au sein des administrations centrales.
Thèmes abordés