Jusqu’où ira le ras-le-bol des maires ?A l’occasion du congrès automnal de l’AMF, certains d’entre eux voulaient descendre dans la rue. Voire fermer leur hôtel de ville. Des perspectives qu’a, alors, discrètement écartées l’Association des maires de France. Les administrés communaux n’avaient, selon elle, pas à pâtir de l’incurie de l’Etat.
Depuis, la grogne n’est pas retombée, bien au contraire. Au sein de la région capitale, le collectif intitulé « Les maires en colère » hausse le ton. Lors du salon des maires d’Ile-de-France, ces élus de droite ont organisé une manifestation juste avantl’intervention de Manuel Valls. Dans leur ligne de mire : la réforme territoriale et la baisse historique des dotations de l’Etat.
Pour le collectif, ces mesures vont « ponctionner trois quarts du budget des communes et les déposséder de leurs prérogatives essentielles ».
Agit-prop – « À partir du 1er janvier 2016, le Gouvernement a décidé de récolter lui-même, au nez et à la barbe des collectivités locales, les fruits d’années d’effort et de travail, pour les donner à une usine à gaz technocratique », jugent « Les maires en colère ». Et ces édiles de dénoncer une réforme des rythmes scolaires coûteuse en deniers municipaux ainsi qu’une volonté de leur transférer l’impopularité fiscale.
Mais, au fait, qui sont ces rebelles ? Dans le lot, on repère les premiers magistrats des communes les plus prospères de la région, tels Joëlle Ceccaldi-Raynaud (UMP) à Puteaux (Hauts-de-Seine), Sylvain Berrios à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) et Philippe Brillault (UMP) au Chesnay (Yvelines). On note aussi la présence de l’emblématique Patrick Balkany (UMP).
Pros de l’agit-prop, certains se sont faits les dents lors de « La Manif pour Tous ». Ces adeptes du marketing viral bombardent les journalistes de mails. Lors du salon des maires d’Ile-de-France, ils ont touché dans le mille. Les médias ont suivi les malheurs de l’un de leur porte-parole, Philippe Brillault privé de mégaphone sur ordre de Matignon.
Sorte de Tea Party du Grand Paris, « les maires en colère » ne comptent pas s’arrêter là. Ils entendent truster le débat public, en lieu et place d’associations d’élus jugées pusillanimes.
Hiatus – Du côté de l’Association des maires d’Ile-de-France, on regarde le mouvement avec circonspection.Si le président de l’AMIF, Stéphane Beaudet (UMP) a signé le manifeste en tant que premier magistrat de Courcouronnes (Essonne), il rappelle volontiers le caractère pluraliste de son groupement. « La métropole du Grand Paris se limite à 124 communes. Elle ne doit pas être le seul sujet. Je rappelle aussi, qu’en matière de péréquation, le nombre de communes d’Ile-de-France qui reçoivent de l’argent est supérieur à celui des villes qui paient », ajoute-t-il.
« Les maires en colère, portés par des personnalités comme Hervé Marseille (Meudon), Manuel Aeschlimann (Asnières), André Santini (Issy-les-Moulineaux) et Patrick Ollier (Rueil-Malmaison) sont, avant tout, le mouvement des élus des Hauts-de-Seine », juge un autre édile de droite.
A gauche, on préfère se gausser et pointer un « hiatus » entre l’attachement de ces élus aux dotations de l’Etat et la baisse de 150 milliards de dépenses publiques chère à l’UMP.
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