Les conclusions de l’enquête avait fait l’objet d’un séminaire (organisé en début d’année par l’Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux dirigé par le sociologue Laurent Mucchielli. Le Club prévention sécurité en avait alors fait un compte-rendu. Le document est désormais en ligne.
Pour rappel, les trois auteurs se sont intéressés à deux cités considérées comme difficiles et auxquelles la « méthode globale » des ZSP marseillaises a été appliquée: l’une, celle du Clos la Rose, dans le nord de Marseille et l’autre, celle de la Sauvagère, dans le sud, réalisant à la fois une étude quantitative basée sur un questionnaire et qualitative avec des entretiens.
Poursuite du trafic – Premier constat, malgré la présence massive des CRS, « le trafic de stupéfiants, point central dans l’approche globale, est un phénomène qui n’a jamais été durablement stoppé. Il a pu momentanément s’arrêter et il a pu se déplacer. Mais, dans les deux cas étudiés, il persiste », estiment les chercheurs. Pour l’expliquer, ils évoquent « l’ampleur de la demande de drogue » et « l’ampleur des mécanismes d’exclusion socio-économique favorisant cette économie parallèle ».
« Si les acheteurs de cannabis se rencontrent dans tous les âges, toutes les classes sociales et tous les niveaux de diplôme, les réseaux de vente prospèrent dans des zones » défavorisées, rappellent les auteurs.
« La présence massive de CRS dans ces cités n’a pas eu d’impact particulier sur l’évolution de la délinquance locale, qu’il s’agisse de la délinquance constatée de manière générale ou du trafic de drogue en particulier », insistent-ils.
Plus grande efficacité sur le volet social – Les chercheurs considèrent en revanche que la méthode globale a été plus efficace sur le plan de l’action sociale et de l’amélioration du cadre de vie, relançant « la dynamique partenariale là où cette dernière était en défaut ou en sommeil ».
L’implication de l’Etat « a manifestement permis d’apporter plus rapidement des réponses concrètes aux problèmes rencontrés par les acteurs institutionnels de chacun des territoires étudiés » et conduit « à une amélioration du cadre de vie des habitants », poursuivent-ils.
« Un certain nombre de problématiques de fond constituent des freins considérables et limitent toute perspective d’amélioration durable des questions de sécurité locale », mettent encore en garde les chercheurs, qui évoquent « l’échec et l’absentéisme scolaires », « la grande précarité économique et sociale d’une partie des familles de ces cités » ou encore « le taux de chômage particulièrement inquiétant ».