Cinquante pour cent au deuxième tour : le chiffre ne va pas provoquer la faillite des instituts de sondage mais constitue, malgré tout, une petite révolution. Nul besoin, cette année, de poster le 22 mars des sentinelles en sortie des urnes pour déterminer, avec certitude, qu’il y aura 50 % de femmes parmi les candidats au deuxième tour des élections départementales.
Des 9 097 postulantes recensées à ce jour par le ministère de l’Intérieur, trois se trouvent dans une situation particulière. Valérie, Emilie et Aline, avec Marcel, Marc-Antoine et Didier qui constituent l’autre moitié de leur binôme obligatoirement paritaire, sont assuré(e)s d’être élu(e)s au premier tour, faute d’adversaire se présentant face à elles (et eux). Ainsi les cantons de Guillestre (Hautes-Alpes) et de Castagniccia (Haute-Corse), à défaut d’avoir connu une conseillère générale aux XIXe et XXe siècles, vont-ils se trouver dotés d’une conseillère départementale au XXIe siècle. Et à Saint-Flour (Cantal) va ressurgir la mémoire de la Libération, date à laquelle une vaillante résistante réussit, bien temporairement, à introduire de la diversité de genre dans une lignée de conseillers généraux redevenue ensuite exclusivement masculine.
4,4 binômes, paritaires, en moyenne par canton – Le suspens, en 2015, réside ailleurs. Au 1er janvier, il fallait de bons yeux et les doigts d’une seule main pour repérer et compter Hermeline, Danielle, Marie-Françoise, Josette-Camille et Nassimah dans la foule des présidents de conseil général. Notons au passage que deux des cinq présidentes étaient des élues d’outre-mer. Ceux qui avaient prédit pénurie de binômes aux élections des 22 et 29 mars se sont lourdement trompés : en moyenne, les électeurs auront 4,4 binômes parmi lesquels choisir le duo de leur cœur, et jusqu’à une dizaine dans certains cantons.
Personne, en revanche, n’ose prédire pléthore de présidentes à l’issue du troisième tour de ce scrutin nouvellement paritaire : faut pas rêver, tout de même. Tout au plus espère-t-on une représentation féminine accrue au sein des commissions permanentes qui se constitueront en avril. Autorisons-nous une seconde de déraison en guise de mot de la fin : et si l’Assemblée des départements de France se dotait, en 2015, d’une présidente ?
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