Le Thésaurus (2004) associe l’autonomie à l’indépendance, la liberté et le libre arbitre, l’autodétermination, la citoyenneté et le pouvoir. La polysémie du terme oblige à en questionner les sens « dans leurs contextes historiques, dans leurs valeurs synonymiques et antithétiques, enfin dans les domaines et les activités auxquels ils s’appliquent » (François Bourricaud).
Littéralement, le mot grec « autos nomos » renvoie à la loi qu’une personne se donne. Kant l’analysait comme la capacité de faire des choix raisonnables pour soi et valables pour tous.
Centrale en travail social, l’autonomie se laisse cerner dans une définition fonctionnelle en rapport avec les difficultés d’exécution des gestes quotidiens vécues par une personne.
Son abord est plus délicat face à un usager défini par un niveau de ressources, des caractéristiques de santé, de logement, d’employabilité, pour lequel la société individualiste exige une autonomie d’individu souverain et responsable de son projet de vie.
La doctrine sociale renvoie à la responsabilité, aux capacités et compétences de la personne et, à un moindre degré, au contrôle institutionnel. Une « norme imposée » pour Bernard Ennuyer et une injonction critiquée par Robert Castel qui redoutait un risque de « mort sociale » pour « l’individu [qui] ne tient pas debout tout seul ».
Proche de l’analyse d’Edgar Morin d’une « liberté relative de l’individu au sein d’un groupe constitué par la société », le concept d’autonomie relationnelle permet à Natalie Rigaux d’en faire « une question politique » pour définir l’être social au sein d’un réseau d’interdépendances.
L’approche de Martha Nussbaum caractérise des « libertés ou possibilités créées par une combinaison de capacités personnelles et d’un environnement politique, social ou économique ». L’autonomie dépendante de l’entourage et des soutiens collectifs de la société traduit alors la « capacité de choix de mode de vie ». Ce que Bernard Ennuyer nomme « autonomie solidaire ».
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