Pour l’Antiquité, le citoyen est l’homme libre et indépendant qui bénéficie du droit de la cité et participe aux décisions pour déclarer une guerre, rendre la justice, administrer la civis ou décréter la loi. La Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789 transforme le sujet en citoyen libre et égal en droit, et, dans les limites d’un revenu minimum et d’un certificat de civisme, lui accorde des droits politiques. Le citoyen devient un être éminemment politique (Jean-Jacques Rousseau).
La citoyenneté se généralise dans la société démocratique, c’est-à-dire, selon Robert Castel, « une société dont tous les membres disposent des ressources et des droits de base nécessaires pour s’inscrire dans des systèmes d’échanges réciproques au sein desquels chacun peut être traité à parité ». En reconnaissant l’appartenance à un corps politique, la citoyenneté oblige à des devoirs (payer des impôts, respecter les lois, être juré) et attribue des droits civiques (se porter candidat à un emploi public, élire, être éligible).
Si la citoyenneté politique fonde le lien social par la représentation, encore faut-il que le citoyen puisse être maître de ses choix. Robert Castel décrit la citoyenneté sociale, « pendant de la citoyenneté politique », comme « le fait de pouvoir disposer d’un minimum de ressources et de droits indispensables pour s’assurer une certaine indépendance sociale ». La citoyenneté politique s’acquiert par l’âge et la nationalité ; l’accès à la citoyenneté sociale repose sur une certaine indépendance économique qui donne corps à l’être social. Le plein-emploi et la protection sociale en constituent le socle. Leurs absences fragilisent la citoyenneté sociale et cette fragilisation déstabilise la citoyenneté politique. À terme, c’est la légitimité démocratique qui est remise en question.