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L'objectif de diviser par deux les tonnages mis en décharge d’ici 2025 fait consensus. L’incinération avec valorisation énergétique a ses partisans chez les professionnels, mais fait plutôt l’unanimité contre elle dans l’opinion publique. Le projet de loi sur la transition énergétique déconseille le tri mécano-biologique. Quelles solutions de traitement reste-t-il aux gestionnaires de déchets ?
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Le préfet de Saône-et-Loire ne tarissait pas d’éloges lors de l’inauguration, le 14 janvier dernier, de la nouvelle unité de traitement des déchets de Chagny. « L’usine s’inscrit parfaitement dans la logique de la politique nationale, déclarait Fabien Sudry. Elle participe à l’atteinte de l’objectif de 60 % de recyclage en 2025 fixé par le projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Elle permet d’aller plus loin sur les circuits courts, grâce à la production de gaz et de compost », que consommeront l’industrie et l’agriculture locales.
Un projet solide, rangé dans la catégorie « à éviter »
L’unité en question recourt pourtant au tri mécano-biologique (TMB) des déchets ménagers résiduels, une solution « dont le déploiement (…) en vue de la valorisation en épandage agricole doit être évité », pose le projet de loi (art. 19). Le TMB permet d’isoler la fraction organique contenue dans la « poubelle grise » (recueillant les déchets ne faisant pas l’objet d’un tri), soit 40 à 50 % de la matière entrante sur l’usine du Syndicat mixte d’études et de traitement des déchets ménagers du nord-est de la Saône-et-Loire (Smet 71, 10 intercommunalités, 315 000 hab., 73 000 t de déchets résiduels par an).
La partie solide de la matière organique produira un compost (27 000 t/an, pré-vendues à une coopérative) et les gaz de fermentation un biométhane (2,6 millions de Nm3/an), que consommera une tuilerie voisine. Les métaux (2 000 t/an) rejoindront les circuits de recyclage. Les inertes seront utilisés en travaux routiers.
Les recettes de valorisation (environ 2,5 millions d’euros par an, issus à 75 % de la vente de gaz) couvriront quelque 60 % du coût de fonctionnement de l’usine (4 M€/an). Par rapport au « tout décharge » antérieur, les tonnages enfouis seront quasiment divisés par deux – ce qui correspond à un autre objectif du projet de loi sur la transition énergétique.
Unique traitement alternatif à l’incinération et au stockage
Sur le papier, l’usine Ecocea de Chagny présente un bon bilan matière, pour un coût de tri-méthanisation–compostage de 81 €/t (intégrant les recettes de valorisation et les coûts de stockage). Nombre d’installations de TMB plus anciennes, pratiquant la seule valorisation matière par compostage, avancent aussi leurs ...