L’action des collectivités territoriales pour lutter contre les discriminations repose évidemment sur des politiques publiques volontaristes, mais elle doit aussi trouver une traduction dans leur propre organisation administrative, afin de rendre celle-ci plus perméable à la diversité. Tel est le sens de la candidature du département de la Seine-Saint-Denis au label « Diversité » de l’Afnor, la première candidature d’un conseil général.
La labellisation ne constitue pas un objectif en soi, en revanche, la manière dont une collectivité se l’approprie est déterminante. En effet, si le label « Diversité » certifie que la collectivité assure l’égalité de traitement dans sa gestion des ressources humaines, il ne produit pas mécaniquement de la diversité.
Il peut même être, à l’extrême, la justification absolue de la reproduction sociale qu’il prétend justement combattre en vertu de l’idéal d’une société pleinement démocratique. C’est seulement si le label « Diversité » devient un instrument d’attractivité pour la collectivité au service d’une diversification effective des profils qu’il peut atteindre son objectif.
Une clé pour le dynamisme de l’administration – Selon la Seine-Saint-Denis, faire de ce label l’emblème d’une gestion exemplaire des ressources humaines conduit aussi à lutter contre les phénomènes d’autocensure et à inciter les jeunes diplômés de ce département, si divers mais aussi si défavorisés et stigmatisés, à présenter leurs candidatures aux postes ouverts par le département.
C’est s’efforcer de favoriser une plus grande adéquation entre la population et sa représentation à tous les niveaux de l’administration locale, qui correspond non seulement à un souci de justice mais aussi à un enjeu de dynamisme de l’administration : les études sociologiques montrent qu’au sein d’une organisation la diversité est plus productive que l’homogénéité.
C’est, en outre, la raison pour laquelle l’ENA et l’Inet – qui forment des administrateurs de grande qualité, mais dont la diversité sociale, et donc la vitalité, s’est asséchée – ne doivent plus être les seules voies d’accès aux responsabilités administratives. Ces deux écoles doivent fusionner – dans la perspective de la réforme territoriale – et évoluer vers des modalités alternatives d’intégration des élèves.
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