Les membres du syndicat mixte Air Dordogne (SMAD), gestionnaire de l’Aéroport Bergerac Dordogne Périgord, ne feront pas suite aux remarques du préfet de région Aquitaine qui leur a demandé de sortir du capital la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de la Dordogne. Se basant sur les observations de la chambre régionale des comptes, le préfet considère que l’organisme consulaire ne peut pas être à la fois actionnaire et gestionnaire de la plate-forme aéroportuaire.
Contester la décision de l’Etat
Après réflexion et la recherche, non aboutie, d’un financeur qui pourrait prendre la place de la CCI, les élus ont décidé de contester la position de l’Etat. « A l’unanimité, les collectivités membres du SMAD ont refusé la sortie de la CCI tant que nous n’avions pas de solutions pour la remplacer. Dans le contexte financier contraint que connaissent les collectivités, nous refusons de nous répartir la contribution de la CCI au déficit d’exploitation de l’aéroport d’1,2 million d’euros par an(1)», a déclaré à La gazette des communes Serge Mérillou, président du SMAD. « Nous n’avons pas l’intention de céder car nous avions pris soin de consulter les services de l’Etat et de demander à la CCI de créer une société ad hoc dédiée à la gestion de l’aéroport lors de la consultation pour une nouvelle délégation de service public », poursuit l’élu, qui précise que « le contrôle de légalité n’avait pas fait, à l’époque, de remarques considérant qu’il y avait transparence des comptes. Alors pourquoi l’Etat réagit-il maintenant ?», s’interroge-t-il. Le SMAD a en effet choisi, en mars 2013, pour une durée de sept ans la SASU Aéroport Bergerac Dordogne Périgord, dont la CCI est l’unique actionnaire.
280 000 passagers
Reste que le schéma adopté pour participer au déficit d’exploitation de l’aéroport risque d’être revu. Se préparant à une baisse de ses ressources, la CCI s’interroge sur sa capacité à continuer de participer à hauteur de 30 % au déficit d’un aéroport qui pourtant, recueille encore un large consensus. En 2014, il a accueilli près de 280 000 passagers pour des destinations en Belgique, Grande-Bretagne et Pays-Bas. D’après la CCI, il génèrerait chaque année plus de 150 millions d’euros de retombées économiques pour le département.
Retrait de l’Etat
2015 est aussi l’année du changement pour le deuxième aéroport exploité en Dordogne. Situé à Bassillac et propriété de la CCI, il a été géré jusqu’au 1er janvier 2015 par la ville de Périgueux qui vient de le transférer à l’agglomération du Grand Périgueux. Pour son président, le communiste Jacques Auzou, l’objectif « est de maintenir les deux rotations quotidiennes pour Paris-Orly jusqu’à l’arrivée du TGV à Bordeaux en 2017 qui mettra Périgueux à 3h30 de Paris ». En attendant, le maintien d’une liaison affichant un déficit d’exploitation de plus d’un million d’euros serait un mal nécessaire. Sans elle, Périgueux serait trop enclavée et mal desservie. Cela pourrait fortement nuire aux entreprises du département qui ont besoin d’un accès rapide à la capitale.
L’enjeu est de dépasser les 6 000 passagers par an et de répartir équitablement entre les financeurs le montant des contributions au déficit depuis le retrait, en ce début d’année, de l’Etat : « Il se traduit par une perte de recettes de 277 000 euros, soit 35 % du montant des contributions financières(2). Cela a entraîné la décision d’arrêter le saut de puce aérien entre Bergerac et Périgueux », détaille Yves Joudou, directeur général adjoint des services au conseil général de la Dordogne. Les passagers de Bergerac bénéficieront à la place d’un service de taxi vers Périgueux qui coûtera 65 000 euros aux collectivités.
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Notes
Note 01 La communauté d'agglomération de Bergerac (30%), le conseil général de la Dordogne (49%), la chambre de commerce et d'industrie de la Dordogne (20%) et la Ville de Périgueux (1%) se partagent la prise en charge du déficit d'exploitation. Retour au texte
Note 02 Les autres contributeurs sont le conseil général de la Dordogne, la ville de Périgueux et l'agglomération du Grand Périgueux. Retour au texte