Dans un courrier au Premier ministre, transmis à la presse le 30 septembre, le secrétaire d’Etat au Grand Paris, Christian Blanc, a manifesté son profond désaccord sur le projet de loi final du Grand Paris remanié par François Fillon.
Réactions, après cette passe d’armes assez inhabituelle entre un Premier ministre et son secrétaire d’Etat.
Mireille Ferri * : « François Fillon siffle la fin de la récréation »
« Je me réjouis que le premier ministre siffle la fin de la récréation. Il y a, chez lui, une volonté de prise en compte des collectivités. Il considère que Christian Blanc est allé trop loin. Ceci en pleine précampagne des régionales?
L’avant-projet de loi, dans la version du secrétaire d’Etat, remettait en cause toute la décentralisation engagée en Ile-de-France depuis 1995. Il portait la marque des fonctionnaires d’Etat mais aussi de certains universitaires qui n’ont jamais admis cette évolution. Christian Blanc a été nommé par Nicolas Sarkozy pour cela, pour remettre en cause les procédures et le jeu des institutions. Il a toujours répété à l’envi qu’il ne rendait des comptes qu’au Président de la République, pas à François Fillon ou à Jean-Louis Borloo, son ancien ministre de tutelle.
Mais son réseau de transports ne tient pas la route sur le plan technique ! On ne peut pas atteindre la vitesse et la cadences qu’il souhaite avec le système de métro automatique à pneus qu’il a lui-même arrêté ! Même la RATP finit par l’admettre. Ce « Grand 8 » n’est, de plus, pas connecté aux autres réseaux.
Il convient, maintenant, de reporter l’examen du projet de loi en conseil des ministres (NDLR : programmée pour le 7 octobre). La version amendée par Matignon ne nous convient toujours pas. La région reste dépossédée de ses capacités d’intervention. Son schéma directeur (SDRIF) se trouve totalement marginalisé. La société du Grand Paris (NDLR : détenue en majorité par l’Etat) possède des pouvoirs exorbitants sur le futur réseau de transports mais aussi sur l’actuel. Cela, nous ne pouvons l’accepter. »
* Vice-présidente (Les verts) du conseil régional d’Ile-de-France
Philippe Laurent * : « Deux conceptions de l’action publique »
« Nous sommes face à deux conceptions de l’action publique. D’un côté, Christian Blanc considère que rien n’avancera si on attend que les élus se mettent d’accord. Il préfère négocier avec chacun des maires concernés par ses projets.
De l’autre, François Fillon veut que l’Etat travaille avec l’ensemble des collectivités. Christian Blanc n’a pas totalement tort, dans le sens où ce que l’on fait aujourd’hui pour le Grand Paris aurait déjà dû être engagé il y a 20 ans. Ses excès sont un aiguillon pour notre nouveau syndicat mixte Paris Métropole. Il nous oblige à nous positionner.
François Fillon, semble, lui, davantage s’appuyer sur les élus locaux que Nicolas Sarkozy. C’est déjà frappant sur la réforme territoriale sur laquelle il fait preuve de prudence. Ça l’est, encore plus, sur le Grand Paris. C’est un dossier qu’il suit de très près : on sait qu’il a des ambitions pour la ville de Paris en 2014. Il n’est pas abîmé. Si Christian Blanc démissionne, je suis de ceux qui considèrent qu’on n’a pas besoin d’un nouveau secrétaire d’Etat. »
*Maire (divers droite) de Sceaux (Hauts-de-Seine) et vice-président de Paris Métropole
Pour aller plus loin
Consultez nos actualités du 30 septembre :
Grand Paris : Profond désaccord de Christian Blanc avec François Fillon sur le projet final
Grand Paris : le gouvernement remanie encore son projet de loi
Consultez également notre dossier Grand Paris : un débat capital
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