Remis le 15 février au ministre de l’Education, le rapport Fourgous «Réussir l’école numérique en 2010» préconise 70 mesures et 12 priorités pour faire entrer l’école française dans l’aire du numérique.
Le document se décline en plusieurs axes :
- le développement des outils et équipements numériques au sein des établissements scolaires,
- la formation des enseignants,
- l’élaboration d’une filière dédiée aux ressources pédagogiques numériques.
Le rapport évalue le coût de la démarche à plus d’un milliard d’euros sur plusieurs années, à répartir entre l’Etat et les collectivités. Ce texte sert de base à Luc Chatel pour annoncer, dans les prochaines semaines, un «plan numérique très ambitieux».
Interrogations des collectivités
Mais sur quel diagnostic repose le document ? Le rapport reconnaît que les communes achètent souvent les ordinateurs et les logiciels, et cite 4 exemples concrets d’expérimentations locales (p95-97). Mais il ne donne aucune idée des besoins réels des communes. Peu de collectivités locales ont été sollicitées et l’Andev n’a pas été consultée. C’est dommage, car les collectivités investissent dans l’informatique depuis longtemps et notre sondage d’octobre 2009 montrait d’ailleurs que le numérique représente l’une des priorités du mandat des maires actuels, relève Anne-Sophie Benoit, présidente de l’Andev (Rassemblement des professionnels des affaires scolaires et des politiques éducatives locales).
Quelles seront les charges exactes des collectivités ? Rien n’est clair. Le rapport semble faire une distinction entre les logiciels entendus comme ressource pédagogique et le reste, qui serait plus ou moins assimilé à du mobilier scolaire à la charge des communes. Or, le matériel présente aussi un intérêt pédagogique, pointe Eric Schietse, directeur de l’AMRF. Or, elles sont quelques-unes à avoir une petite idée du coût d’un tel équipement.
A Nevers, nous avons consacré 70 000 euros par an depuis 1998 pour équiper les écoles, renouveler leur parc informatique, étendre les outils aux directeurs d’école et aux Rased, sourit Martine Carrillon-Couvreur, députée de Nevers, ravie de voir l’Education nationale rattraper le mouvement.
Forte de son expérience, l’Ile-de-France martèle donc, dans un communiqué de presse du 15 février : «Dans un contexte de rigueur budgétaire, de suppressions massives de postes et de remise en cause de la formation initiale des enseignants, avec quels moyens Luc Chatel mettra-t-il en œuvre les préconisations, forcément coûteuses, du rapport ?»
Enfin, dernière inquiétude, ce plan tiendra-t-il compte des disparités territoriales ? Le rapport semble sous-entendre qu’on va imposer des règles et des normes, notamment sur le ratio d’ordinateurs par enfants. Mais nous n’avons aucune précision sur le financement de ces exigences. Est-ce une manière de préparer la fermeture des petites écoles sans moyen ?, s’inquiète Eric Schietse, directeur de l’AMRF.
Peu sollicitées lors de la rédaction du rapport, les collectivités n’ont pas, à ce jour, été contactées par le ministère en vue du futur plan. Leurs craintes d’être mises au pied du mur sont grandes.
Nous espérons être consultés, pas comme pour le Service minimum d’accueil, ou l’aide personnalisée. C’est un beau projet, mais nous n’avons aucune idée des charges à venir et ce, à un moment où nous allons perdre des moyens du fait de la réforme de la taxe professionnelle et du moindre investissement des CAF, regrette la présidente de l’Andev, pour qui il manque, en outre, un partenaire de taille : les parents, moins au fait des outils numériques que leurs enfants.
Références
Téléchargez le rapport Fourgous Réussir l’école numérique en 2010
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