Les régions réclament une plus grande intégration des préoccupations des territoires dans la future stratégie UE 2020. Invitées à participer à l’élaboration de la nouvelle stratégie post-Lisbonne, via la consultation publique lancée par la Commission européenne en novembre 2009, elles n’ont pas hésité à rappeler leur rôle clé dans la mise en œuvre des politiques européennes en matière de croissance et d’emploi.
Les associations françaises membres de la Maison européenne des pouvoirs locaux et régionaux ont, par exemple, appelé à cette occasion la Commission à mettre en place une « vraie gouvernance multiniveaux ».
En filigrane plane l’idée qu’il ne faudra pas commettre les mêmes erreurs qu’avec la stratégie de Lisbonne, unanimement reconnue comme un échec, en négligeant le rôle des territoires.
Afin d’éviter l’échec de la précédente stratégie, dû en partie au manque d’appropriation par les élus locaux, il conviendra de les associer plus étroitement, à l’élaboration, puis à la mise en oeuvre et enfin à l’évaluation du nouveau cadre stratégique européen UE 2020, peut-on lire dans le communiqué publié le 8 février par la Maison européenne des pouvoirs locaux et régionaux.
Luc Van den Brande, président sortant du Comité des Régions, partage cet avis. Interrogé par EurActiv.com, il a déclaré que, selon lui, le succès de la nouvelle stratégie dépendrait étroitement de sa capacité à accorder une responsabilité réelle aux régions tout en maintenant les fonds structurels à leurs niveaux budgétaires actuels.
Nous devons cesser de considérer les régions comme des intermédiaires ou des sous-traitants, et les voir comme des entrepreneurs réels, a-t-il déclaré.
L’intégration des régions dans la mise en œuvre de la stratégie censée déterminer la croissance de l’UE et planifier l’évolution de l’emploi pour la décennie à venir est un enjeu crucial, selon M. Van den Brande.
Celui-ci place au cœur de son argumentaire les résultats observés après Lisbonne, selon lesquels les pays qui ont suivi les objectifs de la stratégie à partir d’un plan central sans la contribution de leurs régions s’en sortent plus mal que ceux qui ont consulté les communautés régionales et urbaines.
Une meilleure appropriation par les régions
En contrepartie, les régions devront se montrer plus volontaires et prouver qu’elles sont capables d’assumer une responsabilité croissante.
En effet, une des lacunes observées jusque-là sur le terrain a été l’absence globale d’engagements de la part des acteurs territoriaux, dont le rôle majeur est pourtant reconnu dans la déclinaison des objectifs de croissance, d’emploi, de développement durable ou encore de cohésion sociale.
Le 19 novembre dernier, le Conseil économique et social régional d’Ile-de-France (CESR) adoptait un avis dans ce sens, plaidant pour une implication accrue des collectivités françaises dans la stratégie de Lisbonne.
Mon sentiment est qu’il y a une reconnaissance, tant au niveau régional qu’au niveau européen, que la nouvelle stratégie de l’UE 2020 ne fonctionnera que si tous les niveaux de gouvernance sont impliqués, a déclaré Luc Van den Brande, pour qui il est temps d’opérer ces changements.
Selon lui, il faudra également savoir mettre à profit l’arrivée de l’Espagne à la présidence de l’Union, puis de la Belgique, qui prendra le relai le 1er juillet 2010. Ces pays, qui ont une très forte décentralisation régionale, devraient en toute logique pousser dans le bon sens.
Les collectivités françaises proposent entre autres d’organiser une évaluation de l’impact territorial de chaque politique européenne. L’ancien président du Comité des Régions estime qu’une réforme des fonds communautaires vers plus de souplesse pourrait par ailleurs contribuer à une meilleure réussite de la future stratégie.
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