Marketing alternatif, consommation collaborative, réforme territoriale… Les professionnels du tourisme doivent affronter des mutations et innovations profondes. Un remue-méninge « décapant mais bienfaiteur », selon la formule de Yves Gary, maire de Turenne et président de l’office de tourisme (OT) de Brive (Corrèze), ville qui a accueilli les 9èmes « R-évolutions touristiques de Brive », des rencontres professionnelles organisées les 19 et 20 novembre 2014.
Oser l’alternatif – « Face à la raréfaction de l’argent public et le fait qu’on ne peut plus faire des campagnes juste dans le but de communiquer, nous sommes aujourd’hui amenés à diminuer les charges et augmenter les retombées et l’efficience », explique le directeur de l’OT de Brive, Stéphane Canarias.
Un des spécialistes de ces nouveaux modes de communication commerciale, Marcel Saucet, directeur de l’agence LCA conseil, auteur de « Street Marketing (TM) », et intervenant sur ces sujets dans des universités américaines comme San Diego ou Harvard, soutient que ces innovations ne sont pas réservées aux grandes marques commerciales. « Avec Marcel Saucet nous voyons qu’il faut oser l’alternatif, casser les codes de la communication classique des collectivités, et des offices du tourisme en particulier. Communiquer de façon traditionnelle ça ne sert plus et ça coûte cher », souligne Stéphane Canarias.
Intégrer le collaboratif aux stratégies – L’évolution de la consommation collaborative, modèle qui privilégie l’usage par rapport à la propriété, révolutionne également les pratiques des offices de tourisme. Grâce à des sites internet dédiés, l’auto-partage, le covoiturage, mais aussi la location ou l’échange de chambres, appartements et résidences secondaires, ont le vent en poupe. « Le collaboratif répond à la logique budgétaire du client, qui est à la recherche du bon plan, avec une dose de recherche de contacts, de réseau social. Les OT doivent vraiment l’intégrer dans leurs stratégies de développement. Des réseaux comme AirB’n’B (1) ou Home Away (2), renforcent l’exposition de l’offre d’un territoire. Les gîtes ne peuvent plus faire l’impasse là-dessus », constate Stéphane Canarias.
Logique de marque contre logique de destination ? – Autre défi à relever : la réforme territoriale, qui va rebattre les cartes en profondeur. « Il ne faut pas opposer les logiques touristiques et administratives. Il faut faire valider politiquement qu’il y a des stratégies d’alliance nécessaires et être capable de renoncer à une ‘marque’ pour favoriser une ‘destination’. L’objectif est de mettre en avant l’intérêt d’un territoire », souligne le directeur de l’agence départementale du tourisme du Lot, Pierre Lagache, dont le territoire partage avec ses voisins l’aéroport de Brive Vallée de la Dordogne.
Regroupements territoriaux – « Le tourisme est déjà impacté par les réformes territoriales. La loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales a précipité le regroupement d’intercommunalités qui, renforcées, s’emparent de plus en plus de la question du tourisme. La loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l’action publique territoriale et de l’affirmation des métropoles (loi « MAPTAM ») a apporté une brique de plus en rendant la compétence obligatoire pour les métropoles, souligne le directeur de la mission des offices de tourisme et pays touristiques d’Aquitaine (MOPA), Jean-Luc Boulin. Désormais la fusion des régions ouvre de nouveaux débats et de nouvelles perspectives. Mais cela génère également beaucoup d’attentisme. Les territoires ont le choix entre deux attitudes : soit anticiper, soit attendre », constate-t-il.
En effet, l’évolution de la carte intercommunale en Corrèze, qui a vu la suppression d’un tiers des EPCI -et qui a impliqué l’élargissement de l’agglo de Brive de 16 à 49 communes par exemple- va provoquer une rationalisation des OT : une vingtaine aujourd’hui, ils pourraient n’être que cinq ou six dans un avenir proche, selon les réflexions en cours.
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