Films en Bretagne dénonce un retour au « centralisme audiovisuel ». L’agence régionale, qui fédère les professionnels de l’audiovisuel et du cinéma, a réalisé fin 2009 un dossier en guise de plaidoyer pour le développement d’une production audiovisuelle en-dehors des grandes chaînes nationales.
A l’occasion des élections régionales de mars 2010, elle interpelle les élus nationaux et locaux. Objectif : convaincre l’Etat et les collectivités de renouer avec les pratiques des années 80 et 90, qui avaient fait émerger un vivier de producteurs et favorisé le développement d’une filière, de la production à la diffusion en passant par les actions pédagogiques, les festivals et la conservation des films.
Pour Serge Steyer, président de Films en Bretagne, trois leviers avaient déclenché ce mouvement à la fin des années 80: les lois Defferre, l’obligation faite aux stations régionales de France 3 (alors appelée FR3) de coproduire avec des producteurs indépendants, et l’engagement financier des régions.
Le retrait de France 3
Mais depuis 2005, environ, la profession observe une brutale « marche arrière », après l’échec de quelques tentatives de créations de télévisions régionales publiques de plein exercice, et le ralentissement des coproductions avec France 3.
Selon Serge Steyer, cette dernière ne croit plus aux coproductions régionales.
Par ailleurs, l’annonce, en janvier 2008, de la suppression de la publicité sur les chaînes publiques a provoqué, dès les mois suivants, une contraction des budgets. Les coproductions ont fait parti des premières victimes, déplore le président de Films en Bretagne. De plus, la réforme de l’audiovisuel a ignoré la décentralisation audiovisuelle.
Pour Serge Steyer, cet affaiblissement des producteurs en région menace toute la filière, avec, à terme, un risque d’asphyxie.
A priori, les collectivités n’ont guère de prise sur l’audiovisuel. Pourtant, Serge Steyer estime que l’exemple de la Bretagne montre qu’elles peuvent actionner certains leviers.
L’engagement insuffisant des élus
Les professionnels en région n’en sont pas à leur première campagne.
Lors des législatives de 2007, ils avaient déjà élaboré un document pour alerter les candidats. Bien que ces derniers leur aient manifesté une certaine écoute, parfois assortie de promesses de relayer leurs préoccupations, les élus ne sont pas emparés du sujet. Pourtant, observe Serge Steyer, il concerne chaque citoyen.
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