Les assises des ruralités se déroulent, depuis mi-octobre, dans une certaine précipitation. Annoncées en juillet par le premier ministre Manuel Valls, puis actées début septembre, elles ont débuté finalement un mois et demi plus tard, par sept ateliers thématiques organisés à un rythme quasi hebdomadaire.
Nouvel acte fondateur –Le dernier atelier en date a eu lieu vendredi 7 novembre à Montmarault (Allier). La ministre du Logement, à l’Egalité des territoires et la Ruralité, Sylvia Pinel a commencé par y féliciter les acteurs locaux qui ont « mobilisé en un temps record » les participants à ce « nouvel acte fondateur pour les territoires ruraux ». Ils ont eu une semaine pour tout préparer.
C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le prochain atelier, prévu le 14 novembre, n’a pas encore de lieu défini : « Il n’y a pas beaucoup de candidats pour organiser une telle rencontre en si peu de temps », assurait un élu local vendredi 7.
Avec les ministres de l’Ecologie, Ségolène Royal, de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, et la secrétaire d’Etat au commerce, Carole Delga, annoncés, l’affiche était pourtant alléchante. Mais peut-on s’y fier ? Sur les quatre membres du gouvernement annoncés dans un premier temps sur le site, seule la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, accompagnait Sylvia Pinel. Marisol Touraine et Carole Delga ont disparu de l’agenda quelques jours avant, tandis que Bernard Cazeneuve s’est excusé le jour même.
En revanche, pour les promoteurs du rapport sur les nouvelles ruralités, – les présidents des départements de l’Allier, de la Creuse, du Cher et de la Nièvre -, ces assises sont une nouvelle avancée dans la démarche entamée il y a deux ans et qui a été saluée par Manuel Valls lui-même lors du congrès de l’ADF à Pau.
Première victoire : ils ont gagné la bataille de la sémantique, puisque les assises qui s’appelaient « de la ruralité », dans un premier temps, ont déjà évolué vers le pluriel prôné par les élus ruraux depuis le début de leur mouvement.
Péréquation plus forte – L’atelier de Montmarault étant leur principale vitrine lors des assises, ils ont mobilisé plusieurs parlementaires de tous bords de ces quatre départements, ainsi que de nombreux élus locaux de territoires voisins comme la Saône-et-Loire, la Loire et le Puy-de-Dôme. Environ 250 personnes ont assisté à la rencontre et ont pu échanger, pendant une heure, avec les ministres, principalement sur les services publics – le sujet de l’atelier -, ainsi que sur les rythmes scolaires. Mais les propos rassurants du premier ministre à Pau étaient aussi au cœur des échanges.
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« Nous sommes rassurés, nous avons la garantie que les conseils généraux vont compter dans la mise en place des schémas d’accès au service public, a souligné le président de la Creuse, Jean-Jacques Lozach, saluant la tenue de ces assises : C’est par l’articulation de ce type de démarche qu’on peut reprendre une spirale positive. Les élus sont prêts à mutualiser et à s’investir, mais à condition qu’on ne descende pas en dessous d’un seuil, d’un socle républicain. Si on veut des services publics performants dans les territoires, il faudra une péréquation plus forte et pas seulement horizontale. »
« Le rapport sur l’hyper-ruralité, réalisé par le sénateur de Lozère Alain Bertrand (RDSE), montre que la réduction de la présence de l’Etat met en danger les territoires », a souligné la sénatrice de la Loire, Cécile Cukierman (Groupe communiste, républicain et citoyen).
Loi d’orientation pour les espaces ruraux – « C’est toujours valorisant de recevoir deux ministres, cela fait parler de Montmarault et ça c’est déjà positif », s’est rassuré, à l’issue de la rencontre, le président de la communauté de communes du Pays de Montmarault, Bruno Rojouan, également président de l’association des maires de l’Allier.
Quant aux assises de la ruralité elles-même, il reste dans l’expectative : « Ce qu’il ressort de cet atelier, ce sont beaucoup de constats et de diagnostics. Mais pour les solutions, il faut attendre la fin de la tournée. C’est là qu’on pourra juger de ce que le gouvernement va proposer pour nos territoires ».
« Il nous appartient d’écrire une feuille de route pragmatique à l’issue de tous les ateliers » a souligné Sylvia Pinel. Une feuille de route dans laquelle les présidents des départements ruraux souhaiteraient voir une loi d’orientation pour les espaces ruraux, comme il y en a une pour la politique de la ville.