Historiquement, l’Etat produit depuis longtemps des données pour piloter ses politiques publiques et justifier ses choix. C’est l’objet même de l’Insee, créé en 1946. Le terme statistique tire d’ailleurs sa racine d’”Etat”. Les élus brandissent à tour de bras des chiffres, censés couper court à tout débat. C’est un fait : les données nous gouvernent, elles imposent leur autorité sur le débat.
C’était sans compter des citoyens qui réfutent ces chiffres qu’ils estiment mal construits, détournés de leur usage, représentation partielle et partiale d’un problème. Regroupés sous la bannière du “statactivisme”, pour reprendre le titre de l’ouvrage d’Isabelle Bruno, Julien Prévieux et Emmanuel Didier, ils s’emparent des chiffres pour les mettre au service d’une cause politique. C’est par exemple construire un indicateur alternatif au PIB, calculer le coût d’une expulsion, s’interroger sur la création des catégories socio-professionnelles et des vides ainsi façonnés dans la représentation de la société, etc.
En parallèle, la notion d’open data a fait son chemin en France, depuis la création d’Etalab, la mission en charge de l’ouverture des données publiques en 2011. L’ouverture des données publiques est vantée comme la mise à disposition des citoyens d’une matière première à même de les aider à créer des micro contre-pouvoirs, par leur mise en forme et leur analyse. La transparence est un des arguments clés des partisans d’une plus grande ouverture. Par exemple, l’exploration des données de la réserve parlementaire jette une lumière crue sur le clientélisme des élus.
A priori, l’open data rejoint donc le statactivisme. Mais certains y voient surtout un “leurre politique” qui cache un réel déficit démocratique, un nouveau domaine d’expertise qui ne crée aucun contre-pouvoir et donne surtout un os à ronger aux partisans d’une plus grande transparence.
Constat pessimiste ou réaliste ? Nous en débattrons avec des gens qui pratiquent la donnée, les ouvrent, contestent les faits ou proposent de nouvelles visions sur la réalité.
Invités :
- Joël Gombin, Université de Picardie >Twitter
- Henri Verdier et Laure Lucchesi, Etalab
- Hervé Paris, Altercarto
- Xavier Moisant http://traintrainquotidien.wordpress.com/
- Edouard Schlumberger, vroomvroom.fr
- d’autres invités seront annoncés prochainement…
Organisé par OKF avec le soutien de Numa en partenariat avec La Gazette des communes. Pour vous inscrire, c’est ici.
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