C’est ce qui s’appelle un sacré mot de remerciement. Le nouveau président de l’Assemblée des communautés de France (ADCF), Charles-Eric Lemaignen, a tiré à boulets rouges sur les services gouvernementaux et administratifs français, dans une lettre de quatre pages adressée à leur « patron » et invité d’honneur de la 25e convention de l’ADCF à Lille, Manuel Valls. Le Premier ministre a eu droit à quatre lignes de remerciement pour ensuite recevoir l’expression de « l’exaspération croissance des adhérents de l’ADCF » face à la « campagne de dénigrement de la gestion publique locale orchestrée depuis plusieurs semaines par les administrations des finances pour justifier les réductions de dotations et le nouvel objectif national d’évolution de la dépense publique locale. »
« Contre-vérités et approximations » – L’ADCF dénonce « les contre-vérités ou approximations qui circulent actuellement », citant la présentation « pas acceptable » de l’évolution des recettes des collectivités faites à Bercy le 1er octobre. Elle juge « qu’il n’est pas sérieux de laisser croire que les collectivités tendent à creuser durablement l’endettement public en prenant pour référence la seule période du plan de relance et de la fin du mandat municipal ».
Pas plus qu’il n’est « objectif de dénoncer l’évolution des dépenses locales de fonctionnement en omettant ou en minorant les charges et obligations supplémentaires imposées contre leur gré aux assemblées locales », au premier rang desquelles figurent les mesures gouvernementales en matière d’emploi (contrats aidés, police municipale, titularisation d’agents, rythmes scolaires, etc.) avec des effets immédiats sur la masse salariale des collectivités.
Conflit plutôt que co-gestion – L’ADCF libère par ce courrier argumenté avec justesse une pensée largement partagée par les autres associations : l’Etat complote contre les collectivités en lançant des « campagnes de présentation punitives » qui jettent le « discrédit » sur leur gestion. Mais l’offensive – à supposer qu’il existe un dessein, un plan de com, une concertation délibérée entre services administratifs pour la mener – n’est-elle pas à la hauteur des blocages rencontrés ? Les dernières décisions, et les dissensions plus ou moins feutrées, au sein du Comité des finances locales sont à cet égard un révélateur des postures de défense menées par chaque association, par ailleurs unies contre l’Etat, mais pas toujours entre elles et parfois promptes à faire porter l’effort sur sa voisine. Il reste encore des efforts à faire pour passer d’une culture du conflit à celle de co-gestion. A tous les niveaux.
Le « moulin à baffes » d’André Laignel…
André Laignel, le président du Comité des finances locales et vice-président de l’Association des maires de France, ne se montre pas tendre avec l’objectif national d’évolution de la dépense locale qui figure dans le PLF pour 2015, voté le 21 octobre à l’Assemblée nationale. « La création de cet objectif revient à mettre en marche un moulin à baffes et on sait bien qui prendra les baffes ! », a-t-il lancé lors d’une journée d’étude organisée par l’Association des petite villes de France (APVF), le 22 octobre. Son collègue le député Olivier Dussopt, qui préside l’APVF, n’est visiblement pas plus enthousiaste puisqu’il a dénoncé « un objectif inefficace parce que pas contraignant et en même temps vexatoire pour les collectivités ». Ambiance…