Lendemains de congrès chargés pour le leader de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), Vanik Berberian (MODEM). Après une rencontre, ce 21 octobre, avec son futur homologue de l’Association des maires de France, François Baroin (UMP), il sera reçu, le 27 par le président de la Haute assemblée, Gérard Larcher (UMP). Soit, la veille de sa manifestation, prévue au Sénat, le 28. Une mobilisation qui se déroulera à l’heure même où Manuel Valls prononcera une déclaration sur les collectivités locales. Autant de signes que les maires de villages entendent faire connaître et populariser leur révolte.
Lors de son congrès annuel, le 18 octobre à Nohant-Vic (Indre), l’AMRF a dénoncé « l’hallali médiatique et politique » contre la cellule communale. La marque ultime d’une « vision technocratique hors-sol », a cinglé l’association dans un appel solennel. Dans son viseur : « le tout-urbain » fondé sur une approche « concurrentielle » des territoires. Une philosophie qui passe, selon elle, par « une absorption au bénéfice du plus gros ». C’est-à-dire par « l’évaporation de la commune dans l’intercommunalité » et « la dissolution du conseil général dans la région ».
Haro sur les transferts de compétence aux EPCI – Ces maires dénoncent l’octroi, à leurs collègues urbains, d’une dotation globale de fonctionnement deux fois supérieure à celle versée à leur commune. Dans le même sillon, ils relèvent que les communes de plus de 3 500 habitants comptent plus de deux fois plus d’agents par habitant que celles situées en-dessous de ce seuil. Très proche des initiateurs du manifeste des Nouvelles ruralités, ils demandent un traitement plus équitable. L’AMRF prône, sur le modèle urbain, une agence nationale de la rénovation rurale et des contrats ruraux de cohésion sociale.
« Arrêtons avec les faux semblants, les bassins de vie, les pôles de ceci, les pôles de cela. Ras-le-bol de ces verbiages qui, finalement, ne sont que des alibis pour gérer la baisse des moyens de manière plus indolore », a fustigé le président de l’AMRF à Nohant-Vic.
Interrogé par La Gazette, ce 21 octobre, Vanik Berberian se montre plus précis. Il s’en prend directement au projet de loi portant Nouvelle organisation territoriale de la République (« NOTRe »). Particulièrement visé, le transfert de compétences des communes aux intercommunalités.
Vanik Berberian dénonce aussi la proposition de loi du président de l’AMF, Jacques Pélissard (UMP), destinée à favoriser la fusion de municipalités au sein de communes nouvelles. « Les incitations financières prévues seront prises sur nos budgets », met-il en garde.
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Sus à une DGF intercommunale – Pas question non plus d’accepter le transfert de la dotation globale de fonctionnement des communes aux intercommunalités, comme le préconise la Cour des Comptes dans son dernier rapport sur les finances locales. « Une provocation outrancière », fulmine le président de l’AMRF.
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Selon Vanik Berberian, l’heure de vérité approche. Le texte qui sera soumis en première lecture au Sénat à partir de mi-décembre, peut-être début janvier, constitue, dit-il, un « choix de société ».
Sa défense de la ruralité face à « l’hyperconcentration urbaine » passera par un soutien résolu à l’institution départementale. Vanik Berberian souhaite que, contrairement à ce que prévoit la loi « NOTRe », les conseils généraux conservent les transports scolaires et les collèges. Le président de l’AMRF réclame également qu’ils bénéficient d’un transfert des lycées actuellement gérés par les régions.