Le 30 septembre, le conseil municipal de Limoges a voté une délibération qui remet en cause le plan local de l’habitat (PLH) porté par Limoges-Métropole, restée à gauche après les municipales. La nouvelle majorité UMP a annoncé sa volonté d’abaisser son parc HLM de 28 à 20%.
Le PLH 2012-2018 de la communauté de communes Limoges-Métropole préconisait de réaliser à Limoges 800 logements neufs par an, dont 20 % d’habitat social, soit 160 logements. Or, la nouvelle majorité est formelle, depuis 2012, la ville a gagné en moyenne 300 logements neufs par an, dont un tiers de logement sociaux. « En résonnant en flux, on peut considérer que la ville construit 33% de logements sociaux par an, alors que le parc atteint déjà 28% ! argumente Patrick Bouchardon, directeur général des services. Pour cette raison, le conseil municipal sollicite la révision du PLH « le plus rapidement possible. »
65 % des HLM – Pour le maire, Emile-Roger Lombertie, « il n’est pas normal que notre ville soit la seule du département à se plier aux exigences de la loi SRU. » En effet, la capitale régionale est la seule commune du département à atteindre et dépasser les 20%. Quand les plus ambitieuses telles Feytiat ou Panazol flirtent avec les 18%. Sur un volume d’un peu plus de 20000 logements sociaux répartis sur les 19 communes de l’agglomération, Limoges, dont la population représente presque 65% du total, apporte 65 % des HLM.
Le maire qui revendique la dimension politique de sa décision estime que cela pose un double problème de « concentration des populations en difficulté dans des secteurs bien précis » et « de sur-offre locative qui vient entraver le marché privé puisque 10% du parc HLM est vide. »
« Nous ne sommes pas contre le logement social, mais contre ce type de logements qui sont inadaptés. Aujourd’hui à Limoges le marché est tellement détendu que les loyers du privé et du social sont identiques ! Moralité, le logement social ne joue plus son rôle » développe Patrick Bouchardon.
« 4500 personnes sur liste d’attente » – Argument que Limoges-Habitat, opérateur principal vient tempérer. « Oui, nous avons sur nos 13000 logements, environ 10% de vides. Mais l’essentiel l’est car ils vont faire l’objet de rénovations. » Selon cette conseillère souhaitant garder l’anonymat, « la demande est réelle, nous avons actuellement à Limoges 4500 personnes sur liste d’attente. » Ce qui corrobore l’approche de Limoges Métropole qui estime que « près de 70 % des ménages de l’agglomération sont éligibles à un logement social. »
Il n’empêche, selon le premier magistrat de la ville, « depuis trois ans l’intégration sociale ne marche plus. Nous sommes confrontés à des poudrières, les Limougeauds qui peuvent partir boudent désormais ces quartiers aggravant l’absence de mixité, et les Limougeauds qui n’ont pas le choix restent, mais avec un sentiment d’abandon. » Pour « reconstruire le bien-vivre ensemble » le maire entend mener plusieurs actions telles que « vendre ou détruire une partie du parc et investir prioritairement sur des petits ensembles et maisons individuelles. »
« Pourtant, il ne faut pas oublier que le logement est une compétence d’État, et qu’en la matière, aucune décision ne peut être prise sans l’accord du préfet » rappelle Benoît Prévost-Révol, chef du service urbanisme et logement à la DDT.
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