Tout pourrait aller pour le mieux. 60 % des répondants ont le temps de réaliser leur travail, 63 % disposent des moyens pour cela, sans pression excessive. Bref, une mission dont 68 % gèrent le stress, dans un bon équilibre avec la vie privée pour la même proportion, soit plus deux points par rapport à l’an passé. Alors, pourquoi huit sur dix s’avouent-ils nerveusement las (plus quatre points) et sept sur dix physiquement épuisés (plus six points) ?
Ordres contradictoires – L’incertitude de l’avenir n’est pas étrangère à cette asthénie. Mais d’autres facteurs s’invitent : pratiques managériales qui en laissent les trois quarts très sceptiques (même parmi les cadres A et B) et organisation du travail.
Ainsi, le désir de reconnaissance hiérarchique reste inassouvi pour 57 %, quelle que soit la catégorie, et la qualité de la relation avec la hiérarchie, qui perd quatre points, fait un insatisfait sur deux. Les ordres sont contradictoires pour 55 % des interrogés, les interruptions régulières pour huit sur dix, dont trois « très fréquentes ».
« Last but not least », la bonne utilisation des compétences de chacun, jugée primordiale à l’épanouissement, est fustigée par près de deux sur trois. Suivent le manque de dynamisme interne ou le peu de clarté des procédures. Les sources de « mal-être au travail » ne manquent pas, aussi délétères au plan humain qu’économique, un agent sur quatre reconnaît déjà des arrêts liés aux conditions de travail !
« Sans repères ni garde-fous »
Bénédicte Vidaillet, professeure en sciences des organisations à l’université Paris est – Créteil et psychanalyste
La fatigue est un symptôme avant-coureur d’un burn-out à ne pas ignorer, surtout lorsqu’elle s’exprime à un tel degré et avec une progression aussi marquée sur les derniers mois. Quelle que soit leur position, tous les territoriaux semblent épuisés par le poids des changements qu’ils portent, noués par des tensions au quotidien qu’ils doivent résoudre seuls. La distance avec la hiérarchie, qui s’est creusée, et la faiblesse des pratiques managériales, que 75 % relèvent, y compris les cadres, les laissent sans repères ni garde-fous, alors même qu’ils sont dans l’œil du cyclone national, accusés d’être un coût davantage qu’une richesse. Ils peuvent encore s’appuyer sur la fierté, le sens de leur mission et sur leurs collègues, mais jusqu’à quand ?
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