« C’est une façon dépassée de faire de la politique, on peut avoir des avis différents, discuter, se respecter, mais les attaques à la fois misogynes et brutales, vraiment, ne font pas avancer les dossiers », a réagi Ségolène Royal sur Europe 1, mardi 29 juillet.
Des parlementaires et élus de gauche et de droite de Vendée, Charente-Maritime et Pays-de-la-Loire ont écrit au Premier ministre Manuel Valls pour réclamer que l’Etat n’abandonne pas le projet d’autoroute A831, auquel Mme Royal a annoncé qu’elle s’opposerait.
Projet validé puis refusé – Ce projet d’autoroute reliant Fontenay-le-Compte en Vendée à Rochefort en Charente-Maritime avait reçu en 2011 le feu vert de l’ancien Premier ministre François Fillon. Il devait théoriquement traverser le Marais Poitevin qui a retrouvé en 2014 le label de Parc naturel régional, perdu en 1996, mais a donc été remis en cause par la ministre de l’Ecologie.
« Monsieur le Premier ministre, nous ne vous demandons pas d’autoriser la construction de l’A831. Nous vous demandons simplement, comme le gouvernement de Jean-Marc Ayrault s’y était engagé, de nous permettre d’aller au bout de la procédure de consultation des entreprises afin de connaître le coût réel de cette réalisation », précise ce courrier.
L’autoroute, réponse à la crise ? – Jugeant « inacceptable » cette décision « soudaine » et « improvisée », les signataires (1) estiment que cette autoroute est « absolument essentielle à la vitalité de nos territoires durement touchés par la crise » et « pour la sécurité des automobilistes dans un secteur asphyxié par une circulation dense ».
Mais l’attaque la plus virulente est venue de Bruno Retailleau (UMP) qui a accusé la ministre de se prendre pour « Aliénor d’Aquitaine ». « C’est l’arbitraire le plus total, le Marais Poitevin n’est pas le jardin privé de madame Royal (…) Ce qu’elle nous propose aujourd’hui, c’est une sorte de retour au Moyen-Age avec des décisions de la duchesse Ségolène. Et bien nous, on est pas des gueux et on ne se laissera pas faire! », a dénoncé le président du Conseil général de Vendée.
15 millions le kilomètre – Revenant sur les raisons de son veto, la ministre a jugé qu’il s’agissait de « prendre des décisions de bon sens » par rapport aux difficultés de financement du projet. « Ce n’est pas réaliste de mettre 900 millions d’euros dans 60 km. » Pour rappel, l’Etat devait prendre en charge initialement 137,5 millions du coût de ces travaux.
Des motifs liés à la protection de l’environnement ont également été avancés par le cabinet, qui pointe la nécessité de réaliser des « études d’incidence loi sur l’eau et espèces protégées, et demande aussi à M. Auxiette son « analyse sur les conséquences de la traversée du Marais poitevin », parc naturel régional.
Un Notre-Dame-des-Landes bis ? – « On ne va pas refaire Notre-Dame des Landes dans le Marais Poitevin! Notre-Dame des Landes aussi, ça a été décidé sur des études qui dataient d’il y a plus de 10 ans, et là, on recommence? », a-t-elle fait valoir. « Cette autoroute est parfaitement compatible avec le Marais poitevin », rétorquent les signataires, soulignant qu’ils se sont engagés à effectuer 125 millions d’euros d’ingénierie écologique.
Interrogée sur la position de Manuel Valls, la ministre a assuré qu’il était sur la même longueur d’onde. « Il dit exactement ça: discutons sereinement en mettant les choses à plat ».
Thèmes abordés
Régions
Notes
Note 01 dont les députés Dominique Bussereau [UMP, président du conseil général de Charente-Maritime], Hugues Fourage [PS, Vendée], Olivier Falorni et Suzanne Tallard [respectivement DVG et PS, Charente-Maritime] mais aussi Jacques Auxiette [PS, président des Pays-de-la-Loire] Retour au texte