Annoncé par la ministre de la culture, Aurélie Filippetti, lors du congrès de l’Association des bibliothécaires de France (ABF) en juin 2013, le groupe de travail sur le livre numérique a commencé à ses premières réunions au mois de septembre suivant, avec des représentants des éditeurs (Syndicat national de l’édition), des libraires (Syndicat français de la librairie, Syndicat des distributeurs de loisirs culturels), des bibliothèques (les associations de bibliothécaires), des collectivités (Fédération nationale de collectivités pour la culture et Réseau Carel), et auteurs (Conseil permanent des écrivains).
Offre inadaptée – Cette initiative faisait suite à un constat partagé : l’offre française de livres numériques disponibles pour les équipements de lecture publique reste très insuffisante.
Constat que l’étude publiée par le Service du livre et de la lecture (SLL) à l’occasion du Salon du livre de Paris 2014 a confirmé et mis en chiffres (Lire « Chiffres clés »).
Cette situation s’explique par le fait que l’offre des éditeurs destinée aux bibliothèques est encore largement inadaptée. En cause, des tarifs trop élevés, et des contraintes techniques trop fortes :
- utilisation de dispositifs pour limiter l’accès aux fichiers,
- limite du nombre d’accès simultanés,
- existence de systèmes propriétaires qui empêchent l’interopérabilité et la portabilité de l’offre d’un support à l’autre,
- exclusion, par certains fournisseurs, de l’accès à distance en dehors de la bibliothèque,
- qualité et diversité des catalogues trop faible etc.
D’emblée la ministre a indiqué qu’elle n’était pas favorable à la voie législative pour fixer les modalités de commercialisation du livre numérique auprès des bibliothèques. La feuille de route fixée par la ministre a donc pour objectif l’élaboration de « bonnes pratiques » en faveur du développement de la lecture numérique en bibliothèque. De même, Aurélie Filippetti n’a de cesse de plaider pour l’intégration des libraires dans la chaîne du livre numérique.
Compromis – C’est entre les éditeurs et les bibliothèques que les discussions sont les plus difficiles. Cependant, au fil des réunions, des compromis se sont dessinés. Ainsi, un accord-cadre devrait être élaboré d’ici à l’été, ce qui permettrait à la ministre d’en annoncer les grandes lignes lors du congrès de la Fédération internationale des associations de bibliothèques et de bibliothécaires (IFLA), à Lyon (Rhône), du 16 au 22 août 2014.
Les représentants des bibliothécaires espèrent bien obtenir les principes suivants :
- le double accès : depuis les postes informatiques de la bibliothèque et à distance depuis l’ordinateur de l’internaute abonné à cette dernière,
- la coexistence, au sein d’une même offre, du téléchargement et de la lecture en ligne (streaming),
- l’accès aux statistiques de connexion aux serveurs des éditeurs, afin de suivre les usages des abonnées à la bibliothèque.
De leur côté, les éditeurs comptent faire accepter le principe de la protection des fichiers, via un dispositif spécifique de type DRM – digital rights management (1). Sujet qui suscite une opposition très forte chez certains professionnels de la lecture publique.
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