Vous jetez un pavé dans la mare en voulant réduire de manière drastique le nombre des CCI. Pourquoi?
Cela fait cinq ans que je le propose. Mais aujourd’hui, la réforme des collectivités locales rend ce projet encore plus nécessaire. Je me suis appuyé sur les études de la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar), qui mettent en avant l’existence de pôles métropolitains forts. La loi, qui crée le statut de métropoles, renforce cette tendance. A partir de territoires économiques pertinents, il est grand temps d’avoir des grandes régions qui peuvent compter sur le plan européen et dans une économie mondialisée. Il faut dans ce contexte maintenir un certain nombre de chambres consulaires qui ont la taille suffisante pour pouvoir agir tout en restant dans la proximité.
Il existe à ce jour 152 CCI. Quel découpage proposez-vous ?
Je propose deux scénarios. Le premier prévoit la réduction du nombre de CCI régionales (CCIR) de 22 à 9, qui chapotent de 132.000 à 350.000 entreprises (ou ressortissants). Cela passe par exemple par la fusion de la Bretagne et des Pays-de-La-Loire, ou la fusion de la Basse Normandie et de la Haute Normandie dans le Grand Paris. Les 123 CCI territoriales (CCIT) passeraient à 64 grâce à deux filtres : pas plus d’une CCI par département et pas de CCI avec moins de 15.000 ressortissants. Le second scénario, qui prévoit quatre CCIR supplémentaires, prend davantage en compte des critères historiques mais il est moins pertinent en termes de poids économique.
La précédente réforme des CCI avait déjà été difficile à mener en raison de nombreuses résistances. Comment a été accueillie votre proposition ?
Je pense être assez seul dans ce combat. Pour dire les choses autrement, au sein du monde consulaire, mon projet n’est pas d’actualité pour l’instant… Pour ce qu’il en est de la précédente réforme, elle n’avait rien à voir, puisque l’on a bêtement appliqué les découpages administratifs en renforçant seulement l’échelon régional. En revanche, il est vrai que certains en ont profité pour se reformer. Le département de Maine-et-Loire est passé de trois à une CCI.
Pourquoi y-a-t-il urgence ?
Il faut que le monde économique soit porteur d’exemple. Il faut montrer que l’on peut aller plus vite que l’administration. Si demain, les limites territoriales évoluent, comme le veut la réforme Valls, le réseau consulaire devra évoluer. Il faut être pro-actif. Il vaut mieux faire le découpage que l’on souhaite plutôt que de subir celui que nous imposera l’Etat. On disparaitra peut-être demain si on ne sait pas initier ce genre d’opération.
La mise sous tutelle des CCI, sous les conseils régionaux, a été évoquée récemment. Craignez-vous que le réseau consulaire soit menacé ?
Une étude à charge contre les CCI circule dans les ministères. Il est clair que certains voudraient nous supprimer. Quelques actions que mènent les CCI sont en doublons avec celles des collectivités territoriales et notamment des agences de développement. C’est le cas des programmes à l’international ou des implantations d’entreprises. Il y a certes quelques couacs et des rivalités, mais globalement, nous travaillons en bons partenariats. Si les CCI ont des tailles plus importantes et davantage de moyens pour agir, elles auront plus de chances de poursuivre ce partenariat.
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