Que change le nouveau statut de métropole dit « de droit commun » ?
La transformation de la plupart des communautés urbaines en métropoles marque la reconnaissance des villes et du fait urbain dans l’ordre institutionnel. Ces groupements bénéficient d’une loi spécifique, alors qu’auparavant ils étaient considérés comme des intercommunalités parmi d’autres. Leur existence est affirmée, au même titre que les grands ensembles urbains de Paris, Lyon et Marseille. C’est là une avancée symbolique forte, marquant un aboutissement des réflexions menées depuis une vingtaine d’années par des chercheurs, des consultants, des élus, des spécialistes des territoires…
Ces métropoles relativement petites peuvent-elles s’affirmer sur la scène européenne ?
Oui, car l’Europe est surtout constituée de villes moyennes. Le nombre relativement élevé de métropoles dans la loi relève, par ailleurs, d’un choix raisonnable de politique publique en France. Il s’agit de ne pas laisser de côté des territoires entiers et de faire reposer le développement des territoires sur des métropoles qui « rayonnent » dans toute leur région.
Les métropoles ont-elles vocation à absorber la plupart des compétences départementales ?
A partir du moment où le Grand Lyon expérimente cette voie, la question se pose. Il faudrait y répondre territoire par territoire. L’existence des communes peut aussi susciter des interrogations. Les habitants y sont attachés et il faut en préserver l’identité. Mais celle-ci, de même que les services assurés aujourd’hui à leur échelle, pourrait sans doute être préservée dans le cadre de communes qui deviendraient des sortes de mairies d’arrondissement. C’est ce qui s’est passé historiquement dans Paris.
L’institutionnalisation des métropoles ne met-elle pas en cause la souplesse du dialogue entre collectivités à travers les pôles métropolitains et les conférences territoriales de l’action publique ?
Les interactions entre territoires permettent de « dérigidifier » la vie publique locale. Elles correspondent à une attente des élus. Elles nécessitent, cependant, une réelle pédagogie si l’on veut éviter que ces questions urbaines et territoriales soient aux mains des seuls spécialistes. Aujourd’hui, les citoyens sont un peu perdus dans l’imbroglio de l’acte III de la décentralisation et des textes successifs. Certains médias ne font plus ce travail d’information avec autant d’acuité qu’auparavant. « Le Monde » et « Les Echos » n’ont, par exemple, plus de pages spécialisées sur les collectivités territoriales. Le débat sur ces thèmes n’est pas non plus très ouvert aux citoyens.
Ce manque de lisibilité n’est-il pas avant tout dû au virage à 180 degrés du pouvoir ?
En 2012, il s’agissait d’ouvrir le débat. On parlait beaucoup de souplesse et de dialogue. Désormais, sont mises en avant des propositions plus centralisées… Comment une même majorité pourra-t-elle accepter des schémas aussi différents ?