Enfin. Il n’y a plus, désormais, que les extrêmes pour, en pleine cohérence avec leur conviction, estimer que les déficits publics ne constituent pas un problème mais l’alibi des dominants pour exiger toujours plus de sacrifices des classes laborieuses. Aujourd’hui, après bien des circonvolutions, le vrai débat a lieu. Une fois admis que la nécessité de réduire la dépense publique ne revient pas à s’abaisser devant une Union européenne toute puissante, mais seulement à respecter ses propres engagements et éviter la banqueroute, arrive la seule question qui vaille. Où réduire la dépense ?
Risque d’effets récessifs – Il y a matière à débat. Et les territoriaux, dont les trois quarts appartiennent à la catégorie C, en savent quelque chose. Est-ce sur cette frange de la population qu’il faut « taper » en priorité ? Est-ce sur les bénéficiaires de minima sociaux ? La réponse est non. Pour des raisons de justice sociale. Mais aussi parce que les plus modestes dépensent, par nécessité, chaque euro qu’ils reçoivent. Ce qui n’est pas le cas des classes plus aisées. Face au risque, évident, d’une rigueur qui produise avant tout des effets récessifs, cette question prend tout son sens.
Elle doit d’ailleurs guider tous les choix à venir. Il faut augmenter les dépenses d’avenir, celles qui créent les emplois de demain, aident à la transformation de l’économie, qu’elle soit digitale, environnementale ou sociale. Et supprimer les politiques publiques, nombreuses, comme le rappelle Matthieu Pigasse dans son dernier ouvrage (1), qui favorisent la rente, l’inertie et la sclérose d’une France s’ennuyant à mourir. A force de ne pas se réformer avec la vigueur nécessaire.
Unifier les centres de décision – Faire des choix suppose aussi une gouvernance efficace et assumée. D’où la nécessité de simplifier le millefeuille territorial. Non pas pour réaliser des économies de structure qui ne sont pas, en effet, à la hauteur des enjeux et tarderont à porter leurs fruits. Mais pour unifier les centres de décision et permettre l’élaboration ainsi que la mise en œuvre de véritables stratégies de territoire, de développement économique notamment.
Quant à ceux qui s’alarment de ce que tout plafond de dépenses imposé aux collectivités constituerait une atteinte aux libertés locales… Rappelons simplement que l’Etat transfère, chaque année, 100 milliards d’euros aux collectivités, financés largement en empruntant sur les marchés de capitaux étrangers. Jusqu’à quand ? Si le statu quo devait l’emporter de nouveau, la réalité financière pourrait bien s’imposer, plus vite qu’on ne le pense, sur les principes juridiques. Fussent-ils constitutionnels.
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