Le Mans n’a pas fini de payer l’ardoise qu’entraîne la faillite du club de football, Le Mans FC. Sa liquidation judiciaire en octobre 2013 a remis en cause le modèle économique imaginé pour le stade MMArena, ouvert en 2011 et financé dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP) conclu pour une période de 33 ans. Réuni jeudi 24 avril, le conseil municipal a voté en faveur d’un « effort complémentaire » de 1,069 million d’euros par an qui sera versé à Le Mans Stadium, filiale de Vinci en charge de l’exploitation de l’enceinte.
Une addition sans fin – Cette somme s’ajoute au 1,050 million que la collectivité s’est déjà engagée à verser au concessionnaire, soit 0,45 million au titre de la clause du contrat relative à l’aléa sportif et 0,6 million au titre du loyer dû par le club résident. Au final, ces 2,1 millions d’euros viennent s’additionner à la contribution forfaitaire annuelle, prévue dans le contrat initial, de 1,3 million dont une participation de 200 000 euros du conseil général de la Sarthe et de la région des Pays de la Loire : les trois collectivités ont apporté 49 des 104 millions d’euros de la facture globale.
La municipalité bénéficie en contrepartie d’une mise à disposition gratuite de l’équipement pour 17 évènements à caractère culturel ou sportif, les frais d’organisation restant à sa charge. Pour mémoire, Vinci était en droit de résilier le contrat et d’exiger une compensation financière dont le calcul théorique reste un sujet de polémique.
Un coût annuel estimé à 5,098 ME – Néanmoins, il aura fallu plusieurs mois aux deux parties pour calculer le coût annuel du fonctionnement du stade, finalement arrêté à 5,098 millions d’euros. Pour compenser le différentiel (2,98 millions), Le Mans Stadium table sur 1,22 million de ressources qu’elle se dit en capacité de dégager et sur 700 000 euros de recettes générées par le partenariat signé avec l’Automobile Club de l’Ouest dans le cadre des activités du circuit voisin. Reste enfin le contrat de naming signé pour dix ans avec l’assureur MMA qui rapporte chaque année 1,11 million.
Ces mesures sont entérinées pour une durée de cinq ans. Après ? « Je ne sais pas répondre à cette question, pas plus que je peux vous dire aujourd’hui dans quel état sera le pays à cette échéance, répond le maire socialiste, Jean-Claude Boulard. Pour ma part, je me félicite de cet accord qui ne déstabilise pas le budget de la ville et permet de confirmer la hausse de 1 %, déjà votée, de l’impôt local ». Pour l’élu, le délai est suffisant pour reconstruire un club professionnel. « Il faut travailler comme Guingamp, revenu de nulle part en quelques années. »
Retour d’une équipe professionnelle ? – Jean-Pascal Gayant, professeur des universités spécialisé dans l’économie du sport, est beaucoup plus circonspect. « Il s’agit d’un deal a minima qui ne permet certainement pas au gestionnaire de couvrir tous ses coûts. Son mérite est au moins de laisser une chance de retrouver un club professionnel. » Surtout, l’universitaire persiste à souligner le PPP par trop défavorable à la collectivité. « Effectivement, ce système permet de réaliser l’opération plus vite et, généralement, de s’assurer d’une meilleure qualité de l’ouvrage. Mais celui-ci est généralement surdimensionné et revient plus cher que dans le cadre d’un emprunt classique. Sans compter une clause lié à l’aléa sportif vraiment disproportionnée. »
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