Dernière des quatre auditionnés devant la mission commune d’information du Sénat sur l’ouverture des données publiques présidée par Jean-Jacques Hyest, Marylise Lebranchu n’était pas la plus enthousiaste. D’abord, parce que la ministre voudrait trouver une expression française pour opendata parce que “la majorité de nos concitoyens ne savent pas de quoi il s’agit quand on leur parle d’open data”…
Ensuite parce que, très en phase avec le climat anxiogène autour des données privées, la ministre veut poser la question du contrôle et de la transparence : “Je me méfie beaucoup de l’utilisation des données”, a t-elle lâchée. Une posture adoptée par de nombreux politiques, et qui aboutit à aborder une question par ses risques (réels, mais ne représentant qu’une part du sujet) au lieu de se concentrer sur ses potentialités.
Chief data officier – En revanche, elle s’est prononcée sur la publication systématiques de “données clés” telles que les Plans locaux d’urbanisme (PLU), les cartes scolaires et des nombreuses études d’impacts. Point d’orgue de son intervention, la ministre a recommandé l’arrivée de “Chief data officier” au sein des administrations. Cette fonction nouvelle permettrait de mieux utiliser les données publiques pour nourrir la décision publique.
Et sur ce point, elle rejoignait les recommandations d’Henri Verdier, directeur d’Etalab, la mission chargée de l’ouverture des données publiques, préalablement auditionné, aux côtés de Julien Rencki, Secrétaire général pour la modernisation de l’action publique.
L’ex-directeur de Cap-Digital, avec Simon Chignard, auteur de l’ouvrage de référence “Comprendre l’ouverture des données publiques” et, depuis février 2014, Data Editor pour le portail des données publiques data.gouv.fr, ont été les plus concrets et les plus visionnaires.
Data.gouv.fr, un point d’entrée parmi d’autres – Ainsi sur la question sensible des redevances, citant le rapport Trojette, favorable à la gratuité des données, Henri Verdier a soutenu que “vendre de la donnée brute, outre son aspect choquant, est une manière bien maladroite de la valoriser”. “Nous vivons une révolution numérique au sens de la 3ème révolution industrielle”, a t-il déclaré en introduction de son propos. Il a aussi décrit “l’incroyable puissance d’action de la société civile”, qu’il fallait libérer.
Evoquant data.gouv.fr, il a rappelé que la plateforme gouvernementale n’avait pas vocation à être le réceptable de l’ensemble des données. “Il n’y a pas nécessairement trop de portails d’open data”, a estimé le directeur d’Etalab, “l’important, c’est que le citoyen trouve un point d’entrée”. Un discours suffisant pour rassurer ceux, dont des collectivités locales, qui craindraient la tentation hégémonique de l’Etat en matière de données publiques ?