L’exception niçoise a vécu. Au lendemain du second tour des municipales, c’est, six métropoles (sur un total de douze à quatorze) qui pourraient être présidées par l’UMP. Un rééquilibrage qui revêt une grande importance : les futurs groupements nés de la loi du 28 janvier 2014 seront en effet dotés de larges pouvoirs et de budgets « XXL ». Revue de détail.
Les métropoles où la droite l’emporte par KO
Bordeaux : le triomphe d’Alain Juppé et les victoires de la droite dans des fiefs PS (Ambès, Artigues-près-Bordeaux et Carbon-Blanc) dès le premier tour ne laissaient guère de place au doute. La future métropole de Bordeaux sera d’autant plus arrimée à droite qu’au second tour, deux nouveaux bastions PS sont tombés dans l’escarcelle respectivement de l’UMP et du MODEM : Pessac et Saint-Médard-en-Jalles.
Nice : le maire Christian Estrosi (UMP) a beau, pour cause de quadrangulaire, ne pas dépasser la barre des 50 % dans la cité azuréenne, il reste l’homme fort de la métropole. Ses fidèles l’ont en effet emporté dans la plupart des communes de Nice-Côte d’Azur.
Les métropoles où la droite mène aux points
Aix-Marseille-Provence : la victoire des UMP Maryse Joissains-Masini à Aix et Jean-Claude Gaudin à Marseille assure une majorité à la droite dans le futur ensemble. Reste maintenant à ses deux principales composantes à s’entendre. Maryse Joissains-Masini a en effet fait campagne aux municipales contre la métropole, tandis que Jean-Claude Gaudin est un partisan, de longue date, du futur groupement.
Lille : Martine Aubry l’emporte bien dans la ville-centre, mais l’UMP conquiert les cités-clés de Roubaix et Tourcoing. La future métropole nordiste devrait tomber dans l’escarcelle de l’opposition si le leader de l’UMP, Marc-Philippe Daubresse, parvient à s’entendre avec les élus Divers droite réunis au sein du groupe des indépendants.
Paris : la victoire d’Anne Hidalgo dans la capitale ne suffit pas à « limiter la casse ». Dans les Hauts-de-Seine, le PS doit céder à l’UDI et à l’UMP ses mairies d’Asnières, Clamart et Colombes. En Seine-Saint-Denis, le PCF connaît pareille mésaventure dans ses fiefs du Blanc-Mesnil, Bobigny et Saint-Ouen. Résultat : la future métropole du Grand Paris échappe à la gauche… dans sa configuration territoriale actuelle.
Mais, sous certaines conditions, les municipalités situées dans les territoires limitrophes du futur groupement (rassemblant Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne), pourront adhérer à la superstructure. De quoi rebattre les cartes ? Pas sûr, car dans la plupart des municipalités concernées, la droite a damé le pion à la gauche. Seule certitude à ce stade : le président de la métropole devra être issu d’un conseil municipal. Une condition que remplit Nathalie Kosciusko-Morizet, au contraire d’un Patrick Devedjian.
Toulouse : avec sa victoire-surprise sur Pierre Cohen (PS) dans la ville rose, l’ancien maire (UMP) Jean-Luc Moudenc, battu sur le fil en 2008, tient sa revanche. Il espère s’emparer, dans la foulée, de la future métropole. La gauche a perdu dès le premier tour les communes de Balma et Saint-Orens-de-Gameville, mais elle demeure encore puissante dans l’agglomération. D’où une certaine incertitude…
Les métropoles où la gauche l’emporte par KO
Brest : à l’Ouest rien de nouveau, ou presque. François Cuillandre (PS) garde son poste de maire de la ville-centre, malgré la percée de l’ancienne préfète Bernadette Malgorn (Divers droite). Le PS détient la majorité au sein de la communauté urbaine dont la transformation en métropole dépendra du bon-vouloir des élus.
Grenoble : la victoire d’Eric Piolle (EELV/Front de gauche) face au poulain de Michel Destot (PS), Jérôme Safar, présage d’un rapport de force serré au sein de la future métropole. D’un côté, la gauche alternative. De l’autre, la gauche gestionnaire.
Montpellier : le succès-surprise du dissident PS Philippe Saurel ne remet, a priori, pas en cause les équilibres partisans. L’ancienne communauté d’agglomération de Georges Frêche reste arrimée à gauche. Sa transformation en métropole sera soumise à la décision des élus.
Nantes : la ville de l’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault demeure ancrée à gauche. La métropole aussi. La gauche conserve en effet ses bastions, notamment à Bouguenais et à La Chapelle-sur-Erdre où elle l’emporte d’une courte tête.
Rennes : Rennes confirme son ancrage à gauche. Nathalie Apperé (PS), la dauphine du maire sortant Daniel Delaveau rafle la mise avec 55,8 % des suffrages au second tour. Le PS sera majoritaire au sein de la future métropole. La seule alternance marquante dans l’agglomération se situe à Cesson-Sévigné où le divers droite Albert Plouhinec succède au socialiste Michel Bihan.
Rouen : la gauche a beau perdre Mont-Saint-Aignan, elle demeure, grâce notamment au succès d’Yvon Robert (PS) dans la ville-centre, largement majoritaire au sein de l’agglomération chère à Laurent Fabius.
Les métropoles où la gauche mène aux points
Strasbourg : la reconduction de Roland Ries (PS) dans la ville-centre n’ouvre pas automatiquement à la gauche les portes de la future métropole. Le PS est en effet lourdement défait à Schiltigheim. Néanmoins, les conseillers communautaires étiquetés à gauche constitueront la principale force politique de la future métropole.
Lyon : Gérard Collomb (PS) garde son fauteuil de maire. Les principales communes de la future métropole (Bron, Vaulx-en-Velin, Vénissieux et Villeurbanne) restent dans l’orbite de la gauche. Mais plusieurs petites villes basculent à droite comme Mions, Pierre-Bénite et Saint-Fons. Gérard Collomb compte cependant sur son entregent pour rallier les élus Divers droite à son panache.
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Municipales 2014 : l’effet domino pour les DGS, les agents, les collectivités, sur fond de rigueur
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