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60 Millions de consommateurs et France Libertés ont mené l’enquête dans les 101 préfectures de France sur les fuites des réseaux d’eau potable. Une commune sur quatre présente un taux de fuite supérieur à 25%. La solution pour les auteurs ? Investir aujourd’hui pour limiter les coûts demain.
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Sur les 850 000 km de réseaux d’eau potable que compte la France, quelques 1,3 milliards de m3 d’eau disparaissent chaque année dans la nature. En cause, la vétusté des canalisations. Ainsi, deux préfectures sur trois n’atteignent pas l’objectif national fixé par la loi Grenelle 2 de 15% de fuites sur les réseaux. Le classement publié par 60 Millions de consommateurs se base sur des données de l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques (Onema) de 2011, des rapports annuels locaux, mais aussi les informations collectées par le magazine de l’Institut national de la consommation (INC) auprès des collectivités locales.
Taux de fuite corrélé à l’abondance de la ressource – Un quart des préfectures interrogées présentent un taux de fuite dépassant les 25%, les plus hauts niveaux de perte étant constatés à Digne-les-Bains (54 %), Bar-le-Duc (48 %) ou Nîmes (37 %). En revanche, pour 33 préfectures, le taux est compris entre 4 et 15%. « C’est souvent dans les collectivités où la ressource est abondante que l’on constate le taux de fuite le plus important », explique Emmanuel Poilane de France Libertés.
Autre fait marquant, l’enquête ne permet pas de conclure sur une « différence du taux de fuite entre une gestion en délégation de service publique et en régie ».
Jusqu’à 2 milliards d’euros de travaux par an – Si la question des fuites des réseaux d’eau potable est un sujet récurrent, France Libertés et 60 Millions de consommateurs souhaitent alerter sur l’état du réseau mais surtout « sur l’incapacité de nombreuses collectivités à anticiper les travaux à venir ». Des travaux dont le coût est estimé, selon les auteurs, entre 1,5 et 2 milliards d’euros par an.
A la veille des élections municipales, la fondation Danielle Mitterrand s’« inquiète de la façon dont les collectivités locales s’emparent du problème », ne tenant pas leurs obligations. Selon le décret du 27 janvier 2012, un descriptif très détaillé de leurs réseaux devait, en effet, être dressé avant le 31 décembre 2013. Elle s’inquiète également des pénalités futures que ces collectivités devront verser aux agences de l’eau, en cas de dépassement des 15 % de fuites. « Les élus vont être obligés de s’engager dans un plan d’action pour arriver à l’objectif des 15 % », insiste Emmanuel Poilane.
Vendée Eau érigée en modèle – Face aux 14 000 services d’eau de France, certaines collectivités font le choix de la mutualisation. C’est le cas de la Vendée où « Vendée Eau » regroupe 277 des 282 communes du département. Une organisation citée en exemple par les auteurs car elle permet « d’optimiser la gestion du réseau, sans surcoût pour l’utilisateur ». Le département, manquant cruellement de nappes phréatiques, est essentiellement alimenté par ses eaux de surface, et connaît régulièrement des pénuries d’eau pendant la période estivale. Pourtant, en 2012, la Vendée a enregistré un taux de fuite de 12,5%, la situant ainsi parmi les bons élèves.
Péréquation – Autre solution avancée par l’association : la péréquation entre les collectivités les plus riches et les petites communes rurales. « Ce qui permettrait de mieux répartir les coûts de renouvellement des réseaux », assure Emmanuel Poilane. Et de compléter : « la réalité financière du renouvellement des réseaux rattrape souvent le monde rural ».
Enfin, France Libertés appelle à l’organisation d’ « assises nationales de l’eau » pour, entre autres, « inciter l’ensemble des acteurs à effectuer l’inventaire des ouvrages de distribution d’eau mais aussi encourager une réflexion sur les changements de pratiques nécessaires pour diminuer les pressions sur les ressources en eau ».
Les indicateurs utilisés pour l’enquête (Source : 60 millions de consommateurs et France Libertés)
Lire également :
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j’ai deux remarques a faire sur ce sujet:
1/le calcul du taux de pertes n’est pas précis il y a beaucoup de paramètres approximatifs,il me parait utopique de se polariser sur des chiffres aléatoires
2/fixer 15% de pertes est difficile a atteindre,cela ne se décrète pas derrière un bureau
on peut s’interroger sur le but poursuivi en annonçant ces chiffres:faire peur au consommateur?inciter a faire des travaux pour les compagnies des eaux?