Les cadres dirigeants des collectivités ne sont pas des territoriaux tout à fait comme les autres. Souvent sollicités par les équipes sortantes au moment de dresser les bilans de mandat, ils occupent, de fait, une place particulière dans la campagne municipale de par leurs fonctions stratégiques.
Mais celle-ci doit rester dans certaines limites afin de respecter le devoir de réserve. Ce qui relève parfois de l’équilibrisme ! Autre témoin de la complexité des frontières de cette obligation, le débat qui anime les colonnes de « La Gazette » depuis plusieurs semaines. A la question de savoir si les DGS doivent prendre position en cas de basculement d’une ville au FN, certains dirigeants territoriaux, avec le Syndicat national des DG des collectivités territoriales (SNDGCT) en porte-drapeau, répondent clairement oui.
Principe de neutralité – Dans notre journal et sur notre site, les tribunes se succèdent et leurs auteurs s’affrontent sur le périmètre du devoir de réserve des DGS. Le débat paraît très clivant et certains jugent qu’un syndicat de fonctionnaires n’a pas à s’exprimer sur le sujet, et encore moins à appeler à la « désobéissance civile ».
Mais le devoir de réserve, et son corollaire qu’est la neutralité de la fonction publique, doit-il conduire forcément au silence ? Sûrement pas lorsque l’arrivée d’une nouvelle équipe a des conséquences sur le fonctionnement même des services municipaux et les valeurs sur lesquelles ils s’appuient. Faut-il rappeler ce qu’il s’est passé dans des villes comme Orange, Vitrolles, Toulon ou Marignane ? Le DGS n’est pas au service du maire mais des services de sa collectivité, aime à répéter Stéphane Pintre, président du SNDGCT.
Valeurs du service public – Laurence Chenkier, vice-présidente du SNDGCT, estime que « le DGS n’est pas le directeur général du silence ». Levée de boucliers de nombre de territoriaux contre cette position au motif que l’exercice des fonctions de DGS dans une ville FN relève, avant tout, d’une décision individuelle. Et de dénoncer la position du SNDGCT qui « dicte a priori le comportement de ses membres ».
D’autres pensent qu’un syndicat professionnel est dans son rôle en défendant le respect des valeurs du service public. Difficile de ne pas être d’accord. N’en demeure pas moins une vraie question sur les frontières entre devoir de réserve et liberté d’expression pour des postes aussi liés au pouvoir politique.
Souvent sacralisée, la neutralité du service public ne peut pas constituer l’unique réponse. Trop simpliste. Sur ce sujet sensible, « La Gazette » souhaite laisser ouvert le débat dans ses colonnes. N’hésitez donc pas à le poursuivre et à donner votre point de vue, par mail ou en commentaires sur notre site !