Pourquoi la revendication principale des organisations syndicales (CGT, FO, FSU et Solidaires) qui appellent à la mobilisation mardi 18 mars porte-t-elle sur le pacte de responsabilité ?
Ce qui nous inquiète beaucoup, au-delà du fait que nous doutons fortement des effets du pacte de responsabilité sur l’emploi, ce sont les conséquences de ce pacte : nouvelle baisse de la dépense publique, soit un impact sur la protection sociale, et sur la fonction publique et le secteur public.
Nous ne voyons pas où le gouvernement peut encore faire des économies. La fonction publique a déjà beaucoup contribué à la baisse des dépenses ces dernières années. Dans la préparation des lettres de cadrage, j’entends les ministres eux-mêmes dire qu’ils sont déjà très serrés.
Dans une lettre à François Hollande, la FSU pose directement la question : où va-t-on faire des économies ? Un certain nombre d’idées fusent ici ou là (gel des avancements, etc.). Le gouvernement doit réfléchir entre emploi et gestion de la masse salariale.
Nous sommes très inquiets car nous pensons que la fonction publique participe grandement à l’activité de la France. Un certain nombre de lois ou de projets de loi (vieillissement, formation professionnelle, refondation de l’école, etc.) vont fortement solliciter les services publics. Il faut investir dans l’emploi. Ce qui ne signifie pas que nous sommes dans un déni de la crise, mais il existe un vrai danger à fragiliser le secteur public.
Il est nécessaire que le gouvernement soit très clair sur ce qu’il veut faire de la fonction publique. Ce besoin est d’autant plus fort que des négociations vont s’ouvrir sur les parcours professionnels, les carrières et les rémunérations. Comme d’autres syndicats, nous avons demandé à la ministre des précisions sur ce qu’elle allait pouvoir mettre sur la table.
Mettre en avant le pacte de responsabilité ne remet-il pas au second plan les préoccupations de salaires et de pouvoir d’achat des fonctionnaires ?
Ce que nous essayons de faire, c’est de mettre au premier plan les conséquences du pacte sur la fonction publique. Nous ne soulevons pas de débat sur le pacte lui-même, qui est une réalité. Il ne s’agit pas de se prononcer pour ou contre, mais de demander comment il fonctionne et d’obtenir des précisions sur le financement.
Regrettez-vous que toutes les organisations syndicales n’appellent pas à manifester ?
Bien sûr. Je peux comprendre que des décisions aient été prises qui vont dans le droit fil de ce qu’ont décidé certaines confédérations.
Mais il existe un cercle d’entente plus large sur la question des salaires et de l’emploi. Une réunion des fédérations de fonctionnaires prévue depuis longtemps se tiendra vendredi 21 mars. Il est bien que nous nous rencontrions régulièrement pour voir comment continuer ensemble à dire un certain nombre de choses.
A quel niveau de mobilisation vous attendez-vous ?
La mobilisation sera probablement modeste voire très modeste. Nous ne sommes toujours pas sortis de cette période où les salariés sont fatalistes et doutent de la possibilité de mettre en oeuvre des alternatives. Cela nous incite à faire beaucoup plus de pédagogie auprès des agents.
Pensez-vous qu’il s’agisse d’un problème de forme ? Certains doutent de la pertinence d’organiser des journées de mobilisation ponctuellement.
C’est un débat inhérent au syndicalisme. Ce sont les personnels sur le terrain qui décident. Pour les grands mouvements sur le contrat première embauche ou les retraites par exemple, la forte mobilisation n’a pas été décrétée par les appareils mais elle a grandi sur le terrain. Pour demain, nous ne sommes pas du tout dans ce contexte, mais cela ne signifie pas que ça ne se produira pas.
Les difficultés à mobiliser sont davantage liées au sujet et aux alternatives, qui paraissent impossibles pour certains, qu’aux modalités d’action. C’est plutôt le manque de perspectives qui bloque la mobilisation.