Les nostalgiques du RPR boivent du petit lait ce 12 mars. Lors de la conférence de presse organisée au Sénat par les présidents de conseils généraux de l’opposition hostiles à la nouvelle carte cantonale, figurent côte à côte Bernadette Chirac et Charles Pasqua.
Comme au bon vieux temps, la conseillère générale de Corrèze et l’ancien patron des Hauts-de-Seine tombent à bras raccourcis sur le PS. « Nous assistons à un tripatouillage politique sans précédent favorisant les zones urbaines au détriment des territoires ruraux. C’est un vol », fustige Bernadette Chirac. Une opération synonyme à ses yeux, de « désertification » : « Certaines zones en moyenne et en haute Corrèze deviennent des friches. Seuls, les cimetières sont pleins… »
Opposition frontale – Comme lors d’une précédente conférence de presse, le 5 mars à l’Assemblée nationale, la conseillère générale UMP dit sa colère devant la disparition de son canton, éclaté en trois entités distinctes : « Ce n’est pas très élégant… Je suis furieuse. »
Et Bernadette Chirac de s’attaquer, une fois encore, au monsieur « carte électorale » de Manuel Valls, Yves Colmou : « Quand j’ai rencontré ce monsieur avec le ministre de l’Intérieur, il ne m’a jamais regardé en face. J’ai tout de suite compris que c’était fichu. »
La lippe gourmande, Charles Pasqua prend le relais. « Tout ce qui vient du PS et du gouvernement est, à mes yeux, suspect », met-il d’entrée en garde. Très en verve, à 86 ans passés, l’ancien ministre de l’Intérieur voit dans la première refonte de l’ensemble des cantons depuis 1801, « une tentative de mettre à bas l’organisation politique et administrative du pays ».
De Gaulle contre le Grand Paris – L’ancien homme fort du « 9-2 » en profite pour s’en prendre à la métropole du Grand Paris, prélude à la fusion des conseils généraux de la petite couronne : « Le général de Gaulle avait considéré que la région parisienne était sous-administrée et qu’il fallait rapprocher les centres de décision des électeurs. Les socialistes font rigoureusement le contraire. Ils en reviennent aux organisations antérieures. »
La République une et indivisible en bandoulière, le vétéran du gaullisme réclame « un référendum » sur les redécoupages. Bernadette Chirac opine du chef.
Le patron (UDI) du conseil général de la Côte-d’Or François Sauvadet déplace un peu le curseur. Lui souhaite que le débat soit porté dès les municipales, et ce, dans chaque chef-lieu de canton. Pour l’occasion, le leader des députés centristes prend des accents gaulliens : « Le critère de population ne peut pas toujours l’emporter sur la représentation des territoires. On ne laissera pas faire, au nom d’une certaine idée de la France !»
Son cri du cœur sera-t-il entendu par ses alliés ? Rien n’est moins sûr, car de François Fillon à Jean-François Copé en passant par Bruno Lemaire, la plupart des ténors de l’UMP prônent la suppression pure et simple des conseils généraux.
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