A moins de deux semaines du premier tour des municipales, la campagne recèle encore pas mal d’inconnues. Le vote sanction et les conséquences d’un climat politique national assez délétère restent difficiles à évaluer. C’est le cas lors de toutes les élections intermédiaires, mais leur ampleur risque d’être plus forte ici. Les instituts de sondage estiment que les électeurs devraient voter à deux tiers selon des considérations locales et un tiers en raison de préoccupations nationales.
La part de l’abstention pourrait également peser. Selon une étude récente du « Monde », il est possible que 130 villes de plus de 10 000 habitants basculent, dont 85 de gauche à droite. Malgré un fort mécontentement sur les questions d’emploi, d’impôts et de pouvoir d’achat, le scrutin municipal reste avant tout motivé par des considérations locales. Heureusement ! Le débat porte sur des sujets concrets, relevant du quotidien des habitants.
Le blues des maires – Parmi les thèmes importants de la campagne, les impôts locaux et la promesse de leur non-augmentation, voire de leur baisse. Un casse-tête pour les prochaines équipes, sachant que les dotations de l’Etat aux collectivités pourraient baisser de 10 milliards d’euros d’ici à 2017. Si les élus n’ont plus la possibilité de jouer qu’a minima sur le levier fiscal, le maire bâtisseur deviendra une espèce en voie d’extinction. Evoqué avant chaque scrutin, le blues des maires semble, cette fois-ci, bien réel.
Malgré les satisfactions qu’il apporte, le mandat est de plus en plus ingrat. Dans certaines communes, surtout petites, la composition des listes devient très compliquée. Près d’un maire sur trois ne se représente pas. Le fait d’être de loin l’élu préféré des Français ne suffit plus à susciter les vocations. Explication : l’exigence croissante d’habitants « consommateurs » et, dans le même temps, la baisse constante des moyens. Pas très motivant, tout cela ! Elus de proximité, les maires subissent de plein fouet les effets de la crise.
Pouvoir intercommunal – Le vrai pouvoir est de plus en plus intercommunal. Nouveauté du scrutin 2014, la double liste acte l’entrée de l’interco dans les bureaux de vote. Malgré les campagnes d’information, la population reste mal informée de ce changement majeur. D’autant que la plupart des candidats ne font pas grand-chose pour vendre l’inexorable montée en puissance de l’intercommunalité. Face à un sentiment de dépossession des compétences des élus municipaux, ils continuent d’agir comme si tout se passait au niveau de la commune. Pour de vraies élections intercommunales, faudra-t-il attendre 2020 ?
Cet article est en relation avec le dossier
Thèmes abordés