« Cette charte ouvre une ère nouvelle : elle sera une référence et un outil majeur dans le dialogue et les relations entre les pouvoirs publics et les associations. Elle engage aussi les élus et les associations dans un processus de co-construction de l’intérêt général ». Claude Dilain, sénateur de Seine-Saint Denis et auteur du rapport préparatoire à la charte avec le préfet Jean-Pierre Duport est satisfait.
Au terme d’un an de travail et de négociation, le texte, paraphé par le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault lors d’un déplacement au conseil général de Meurthe-et-Moselle, les associations d’élus et le Mouvement associatif, est à la hauteur des objectifs assignés.
Promise à la CPCA (devenue aujourd’hui Le Mouvement associatif) par le président de la République en 2012 au cours de la campagne électorale, cette charte réactualise celle signée en 2001 tombée, depuis, en désuétude.
Pour les associations, les objectifs sont-ils attient ? Officiellement oui, même si, comme dans toutes négociations, le secteur associatif a dû faire des concessions. « L’enjeu pour nous était que les collectivités locales soient signataires ; celle-ci sont des partenaires incontournables et désormais majoritaires dans le financement du secteur associatif », insiste Nadia Bellaoui, présidente du Mouvement associatif.
Pour l’Etat, l’objectif de la charte était de parvenir à énoncer les principes et les modalités de concertation entre la puissance publique et le secteur associatif, mais également de définir les principes et les engagements en matière de contractualisation entre l’Etat, les collectivités territoriales et les associations. « L’accroissement du recours à la commande publique a fortement fragilisé les associations. En les plaçant dans une posture de prestataires, les appels d’offre ont tendance a assécher le projet associatif », observe Viviane Tchernonog.
Fonction de « critique » ou « d’interpellation » – C’est sur ce point justement que le secteur associatif a buté face à des collectivités locales rétives à s’engager davantage sur un financement par la subvention.
Ainsi, si le document prévoit un socle commun d’engagements de l’Etat et des collectivités vis-à-vis du secteur associatif, les engagements portés spécifiquement par les collectivités locales sont nettement en retrait.
Un autre point reste également en demi-teinte pour les associations : si la charte prévoit bien que l’Etat « favorise la convention pluriannuelle d’objectifs comme mode de financement des activités associatives », les collectivités ne s’y sont pas engagées.
Dans un temps de campagne électorale, plusieurs associations d’élus ont également refusé de reconnaitre la fonction « critique » des associations, préférant le terme « d’interpellation »…
Reste à décliner localement cette charte et rendre effectifs les engagements qu’elle contient. « Il faut que cette charte vive, que les territoires se l’approprient et qu’un dialogue entre associations et pouvoirs publics s’ouvre aussi localement sur la commande publique et les subventions », insiste Nadia Bellaoui.
La charte, toutefois, ne vient pas résoudre les baisses de financement auxquels les associations doivent actuellement faire face. Selon le collectif des associations citoyennes, le secteur associatif a perdu 10 000 emplois en 2013. Entre 30 et 40 000 emplois devraient, selon son estimation, disparaître en 2014 et 2015 à la suite des baisses de dotations d’Etat aux collectivités locales, premiers financeurs des associations…
Références
Cet article fait partie du Dossier
Collectivités territoriales et associations : reconstruire le partenariat
Sommaire du dossier
- Associations vs collectivités : beaucoup d’actions mais encore (trop) peu d’effets
- Associations : bilan contrasté pour la Charte des engagements réciproques
- Connaître les récentes évolutions liées aux rapports collectivités-associations
- Collectivités et associations : des liens toujours étroits mais en mutation
- Financement des associations sportives : un modèle à réinventer
- Associations : de l’urgence d’une simplification
- Les associations résistent. Mais jusqu’à quand ?
- Associations : « Les subventions fondent, la commande publique explose »
- Charte d’engagement réciproques entre associations et pouvoir publics : un texte a minima
- Les associations menacées par la baisse des dotations
- Enquête : les baisses de financements publics aux associations se confirment
- De la subvention aux marchés publics : les associations face à la mise en concurrence
- « Les marchés publics enlèvent leur capacité d’innovation aux associations » – Interview de Viviane Tchernonog
- Comment évaluer les activités des associations ?
- Aides aux associations : des solutions pour un nouveau souffle
- Commande publique ou subvention ?