La Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (FNADAC) a réagi le 14 février 2014 aux mises en cause de certaines collectivités accusées, par les partisans du Printemps français, de favoriser la théorie du genre à travers leur politique culturelle. La FNADAC dénonce « les propos fallacieux des sites et associations extrêmes qui appellent à la censure. » Les signataires du communiqué assurent les professionnels et les élus de leur « détermination à être à leurs côtés.
Retrait d’ouvrages. D’une façon générale, les professionnels de la culture veulent faire preuve de fermeté tout en évitant de trop donner d’importance à cette actualité. Force est de constater que le nombre de collectivités interpellées n’est pas aussi important que l’annonce le Salon beige, blog animé par des militants proches du Printemps français. « Non, à ce jour, nous n’avons reçu ni courriel, ni appel téléphonique, ni visite », nous ont indiqué en substance, le 13 février 2014, plusieurs bibliothèques pourtant citées par le Salon beige. Les animateurs de ce blog recensent, depuis le début du mois de février, les bibliothèques proposant dans leurs rayons « jeunesse » des livres évoquant l’égalité des genres et l’homosexualité. Ils invitent les parents à interpeller les bibliothécaires et les élus de ces communes pour demander le retrait de ces ouvrages. Or, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), Quimperlé (Finistère), ou Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines), par exemple, les bibliothèques n’ont pas encore eu à faire face à une telle situation, bien qu’elles soient pointées du doigt par les blogueurs du Salon beige. Cependant, même si les opposants tendent à exagérer l’ampleur de leur campagne, leur action de terrain n’en est pas moins une réalité dans certaines communes. Car à Versailles ou au Chesnay (Yvelines), les élus ont bel et bien été confrontés aux récriminations des opposants à l’égalité des genres. Le maire (divers droite) du Chesnay, Philippe Brillaut, a indiqué avoir déplacé les livres incriminés pour qu’ils ne soient plus à la portée des enfants. « Nous protégeons les enfants, c’est aux parents de choisir ce qu’ils veulent pour eux », a-t-il déclaré à l’AFP, assurant que la municipalité continuera « à acheter ces livres ». A Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), le maire (UDI) Jean-Christophe Fromantin dément toute « pression » mais reconnait avoir reçu quelques courriels et un courrier visant des titres précis.
Programmations cinématograhiques. Pour Sylvie Vassallo, directrice du Salon du livre jeunesse de Montreuil (Seine-Saint-Denis), l’inquiétude est de mise. Elle fait remarquer que cela fait plusieurs mois que les attaques « se multiplient » contre le contenu d’ouvrages destinés aux enfants. Et de s’alarmer de voir certains » confondre délibérément les manuels scolaires qui servent à faire la classe et la littérature jeunesse, qui possède un statut particulier : multiplier les points de vue, rien de moins, rien de plus. » Arguments qu’elle a développés dans une tribune publiée le 10 février dans le journal Le Monde. Certains professionnels partagent cette inquiétude, notamment lorsqu’ils constatent des tentatives d’interventions dans d’autres secteurs de la politique culturelle à destination des enfants, comme les ateliers d’éducation artistique et culturelle ou des programmations cinématographiques. Des interpellations auxquelles fait référence le communiqué de la FNADAC.
Anticipation. Certains maires commencent d’ailleurs à anticiper, en diffusant auprès des responsables de services culturels, des notes récapitulant la conduite et les arguments à tenir en cas de conflits. C’est par exemple déjà le cas à Quimperlé. En tout état de cause, certains professionnels estiment qu’il serait contre-productif de surexposer médiatiquement ces incidents, afin d’éviter de « faire de la publicité » à leurs auteurs. Jusqu’à présent, outre la FNADAC, l’Association des bibliothécaires de France (ABF), relayée par l’Inter association archives-bibliothèques-documentation (IABD), et le ministère de la culture ont manifesté leur réprobation. L’ABF, est montée au créneau le 12 février 2014, dans un communiqué évoquant les textes de référence de la profession : la Manifeste de l’Unesco sur les bibliothèques et le Code de déontologie de l’association. Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, les a assurés, le même jour, de son « soutien le plus absolu ». De même la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse s’est insurgée de voir les professionnels du livre jeunesse « mis injustement en cause dans différents faits d’actualité touchant aux questions des genres ou de l’égalité fille-garçon. »
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