La validation des acquis de l’expérience (VAE) ? Le dispositif peine à se développer dans la fonction publique territoriale. Les agents ne connaissent pas toujours cette modalité d’obtention de diplôme ou de certification. Et les collectivités y recourent avec parcimonie. Seuls quelques métiers relevant de la catégorie C, souvent en tension, comme les auxiliaires de puériculture ou les aides-soignants font l’objet de mesures volontaristes.
Cette année, le CNFPT a, par exemple, renouvelé pour trois ans un accord-cadre signé avec la CNSA afin de cofinancer des accompagnements dans une démarche de VAE.
Les diplômes et titres visés sont ceux d’aide-soignant, d’aide médicopsychologique, d’auxiliaire de vie sociale et assistant de vie aux familles. « Cet accord-cadre est décliné localement. En Aquitaine, nous proposons un accompagnement pour les auxiliaires de vie sociale et les aides-soignantes : respectivement 178 et 18 agents ont été accompagnés en 2012.
Ces chiffres s’expliquent par un nombre important de centres intercommunaux d’action sociale [CIAS] et d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes [Ehpad] dans les Landes notamment », explique Jean-Simon Casabonne, conseiller « formation » et adjoint responsable de l’antenne CNFPT des Landes.
Fidéliser et professionnaliser – L’accompagnement consiste en des séances collectives pour aider les agents à rédiger leur livret de VAE – celui dans lequel doivent être détaillées les compétences acquises – et préparer l’entretien avec le jury. « Dans les Landes, les CIAS ont développé une vraie politique de gestion des ressources humaines par la VAE. Ils ont intérêt à aller vers une professionnalisation de leurs agents car leurs financeurs demandent que leur personnel soit qualifié. C’est aussi une façon de fidéliser les agents sur des métiers en tension », note le conseiller.
Ce double objectif a aussi conduit Paris (50 858 agents, 2,2 millions d’hab.) à prendre en charge chaque année l’accompagnement en VAE d’une trentaine d’agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) ou d’agents qui ont eu une expérience antérieure auprès d’enfants pour décrocher un CAP « petite enfance ».
Une fois le diplôme obtenu par la VAE et/ou par un complément de formation, les agents ne se voient pas directement proposer un nouveau poste. Le diplôme n’a pas toujours d’incidence sur le statut. « C’est le cas, par exemple, pour les auxiliaires de vie sociale. Avec le diplôme, ils gagnent une reconnaissance de la part de l’usager ou peuvent le monnayer auprès de prestataires extérieurs ou de familles, puisque beaucoup ne travaillent pas exclusivement pour une collectivité », ajoute Jean-Simon Casabonne. La VAE ne dispense pas non plus de passer les concours.
Evolution sur le long terme – En revanche, obtenir, avec la VAE, ce qui est souvent un premier diplôme met en confiance les agents, qui peuvent suivre d’autres formations ou présenter les concours correspondant au diplôme obtenu. « La VAE les entraîne, au niveau de l’écrit et par une prise de recul, sur leurs compétences et leur expérience », assure Maïté Errecart, adjointe au maire chargée des ressources humaines de Paris.
La VAE peut alors devenir le premier pas vers une progression de carrière à long terme, y compris vers des fonctions de catégories B, comme celle d’éducateurs de jeunes enfants, même si cela reste rare. « Il ne faut pas non plus négliger les motivations personnelles des agents pour qui la reconnaissance est très importante », poursuit Amandine Rouah, chef de bureau « formation et insertion » à la direction des affaires scolaires de Paris.
Un accompagnement bien en amont
Lyon (Rhône) • 7 226 agents • 484 000 hab.
A Lyon, de sept à huit agents se lancent chaque année dans une VAE afin de décrocher leur diplôme d’Etat d’auxiliaire de puériculture. Vingt et un volontaires sont actuellement en attente d’une entrée dans le dispositif. Pour la collectivité, la VAE complète les recrutements sur des métiers qui ont longtemps été en tension et s’inscrit dans une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences en offrant des parcours professionnels qualifiants.
« Du côté des candidats, l’intérêt est évidemment d’obtenir la reconnaissance d’un diplôme d’Etat, mais aussi de pouvoir travailler dans un environnement différent : la vie d’équipe est effectivement plus présente dans les établissements de la petite enfance que dans les écoles où il n’existe pas de management de proximité, souligne Sylviane Gachet, directrice gestion administrative des personnels.
Il peut aussi s’agir d’une première marche pour évoluer à terme vers un poste de catégorie B d’éducateur de jeunes enfants, même si ce type de démarche est rare. Le diplôme est aussi un sésame pour travailler dans d’autres structures comme les crèches associatives. » L’accompagnement intervient très en amont de la VAE puisque des stages d’immersion sont proposés aux agents intéressés afin qu’ils se rendent compte de la réalité du métier et les directions d’origine sont contactées pour éviter de désorganiser les services pendant les absences.
Contact : Sylviane Gachet, tél. : 04.72.10.33.07.
Apprendre à moindre coût
Toulouse ville et métropole (Haute-Garonne) • 37 communes • 11 900 agents • 712 000 hab.
La validation des acquis de l’expérience se pratique depuis de nombreuses années à la ville et à la métropole de Toulouse. Dès 2008, pour les métiers de la petite enfance, et 2012, pour ceux de la propreté, elle est intégrée dans les projets de service.
« Dans le cadre de la politique d’ouverture de plus de 2 000 places de crèches d’ici à 2014, la VAE permet de faire évoluer des agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles [Atsem] ou des assistantes maternelles vers des postes d’auxiliaire de puériculture. Pour les agents de nettoiement de Toulouse métropole, ce dispositif s’inscrit dans une logique de professionnalisation, avec la création d’un diplôme entré au répertoire national des certifications professionnelles en décembre 2012 », explique Anne Pujos, responsable du service de formation (ville et communauté urbaine).
En 2013, vingt-cinq agents obtiendront leur titre d’agent de nettoiement de l’espace public urbain et treize Atsem le diplôme d’Etat d’auxiliaire de puériculture. Ces diplômés sont titularisés sur un poste d’auxiliaire de puériculture sous réserve d’obtenir le concours. « Le chiffre est faible au regard des besoins de recrutement dans les crèches. Mais la VAE reste un outil gagnant-gagnant : les agents obtiennent un diplôme sans partir longtemps en formation et la collectivité forme à moindre coût et, dans le même temps, fidélise et recrute sur des métiers en tension », conclut Anne Pujos.
Contact : Anne Pujos, tél. : 05.61.22.29.22.
Références
Le dispositif de la VAE pour les agents de catégorie C est jugé lourd, difficile à mettre en œuvre et inutile pour progresser dans la fonction publique territoriale. C’est le bilan d’un rapport au conseil d’administration du CNFPT publié en mars par Jean-Claude Lenay, secrétaire national de l’Interco-CFDT.
Mode d’emploi
Mise en place par la loi n° 2002-73 du 17 janvier 2002 de modernisation sociale, la VAE permet de valider en totalité ou de façon partielle un diplôme ou une certification. Pour cela, il faut se prévaloir d’une expérience d’au moins trois ans dans l’activité concernée.
La démarche consiste ensuite à décrire les compétences acquises dans un dossier. Si la validation n’est que partielle, des modules complémentaires de formation doivent être suivis. C’est souvent le cas pour les aides-soignants qui n’ont pas forcément d’expérience dans le milieu hospitalier ou pour les auxiliaires de puériculture.