« Nous saluons la démarche », explique Christophe Robert vice-président de la fondation Abbé Pierre, « tout en nous nous interrogeant sur les objectifs, qui restent flous, et sur les moyens alloués ».
15 800 places mobilisables- Cécile Duflot a ainsi certifié que « l’ouverture de capacités exceptionnelles de mise à l’abri ne sera plus déclenchée en fonction de plans saisonniers uniformes, mais en fonction des circonstances locales ». Concrètement, ce sont 15 800 places supplémentaires qui devraient désormais être mises à disposition tout au long de l’année et qui viennent s’ajouter aux 158 100 places pérennes d’hébergement et de logement adapté. Par ailleurs, la ministre a d’ores et déjà donné aux préfets des instructions afin de « réduire significativement le recours aux nuitées hôtelières », qui concerne tout particulièrement les familles, pour privilégier l’orientation vers le logement social. Globalement, le plan prévoit d’actionner tous les dispositifs permettant l’accès au logement durable. Pour réaliser l’ensemble de ces mesures, le ministère disposera d’une enveloppe budgétaire de 1,331 milliard dans le projet de loi de finances pour 2014, soit + 8,6 %, progression que Cécile Duflot a qualifiée d’ « effort sans précédent » en faveur de l’hébergement, dans un contexte budgétaire difficile.
À plus long terme, le ministère entend réorganiser la gestion du dispositif d’accès au logement en s’appuyant sur les » diagnostics territoriaux à 360° « , outils de recensement de l’état du mal-logement et de l’offre de solutions locales territoire par territoire, que les préfets doivent réaliser au cours du premier semestre 2014.
Quel pilotage local ? – Le collectif des associations unies est « satisfait » de cette volonté de privilégier le logement à l’hébergement et de valoriser des solutions adaptées aux besoins des personnes. Néanmoins, pour le collectif, « il y a un fossé à combler entre les directives nationales et la réactivité locale. Les instances décentralisées ainsi que les associations ne sont pas toutes convaincues de la nécessité de ce changement de cap », explique Christophe Robert, « nous réclamons donc un pilotage local extrêmement fort ». Une marque de réel progrès serait, pour le collectif, que sur les territoires disposant de logements vacants, les personnes ne soient pas orientées, « dès cet hiver », vers des solutions d’urgence.
Difficultés annoncées – En attendant les effets positifs de nouveau plan, le collectif redoute « un hiver particulièrement difficile du fait de l’augmentation constante de la demande. Cette saison encore, on accueillera dans des gymnases inadaptés, sur des lits picots ». Pour Christophe Robert, il faut agir le plus en amont possible « en mettant un terme aux expulsions locatives ou en renonçant au gel des aides au logement ». Il ajoute : « tant que l’on ne trouvera pas indigne que des personnes dorment à la rue, on ne pourra pas enclencher le vrai changement nécessaire ».