Comment interpréter les courbes de progression de ce comparateur ?
L’évolution du niveau de vie des 75 ans et plus d’une ville comme La Ciotat met en évidence un écart de 1 à 3 entre les plus riches et les plus pauvres et de 1 à 4 en termes de revenus. Cela signifie que le niveau de vie des plus riches a progressé de 97 euros entre 2008 et 2011 pour s’établir à 3077 euros mensuel, alors que dans le même temps, celui des plus pauvres a évolué de 31 euros pour atteindre 809 euros.
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Comment approfondir l’analyse une fois ces tendances dégagées ?
Cela passe par une analyse des besoins sociaux au niveau local et par la caractérisation des valeurs de progression. Certaines causes peuvent être démographiques comme des décès chez les 75 ans et plus. Cela peut aussi s’expliquer par un phénomène migratoire comme l’installation de personnes aisées dans une commune plutôt démunie. Mais le renouvellement de la population ne constitue pas un facteur déterminant de l’évolution des revenus pour une échelle de temps courte (2008-2011 dans notre comparateur).
Y a-t-il des caractéristiques qui différencient nord et sud ?
On retrouve dans le Nord-Pas-de-Calais des écarts similaires aux tendances du reste du pays, mais avec des niveaux parfois très bas. Dans des communes comme Calais ou Roubaix, l’outil met en exergue une baisse de revenus des personnes âgées les plus démunies. Cela pose question au regard de la faible probabilité que les personnes âgées ont de modifier leur niveau de vie.
A Douai par exemple, le niveau de vie médian des personnes âgées est de 1500 euros et celui des plus pauvres de 560 euros. Ce niveau de vie a baissé de 25 euros entre 2008 et 2011. Le comparateur montre que le niveau de vie des personnes âgées a diminué (mais il ne faut pas généraliser cette information).
Le Nord fait partie des régions les plus sinistrées. De plus en plus de retraités arrivent en âge de la retraite avec des pensions très faibles, même si ce phénomène est en partie masqué par le fait que de plus en plus de femmes ont eu des carrières complètes.
A l’autre bout du pays, dans les communes comme Sainte-Maxime dans le Var, plutôt riches, le revenu médian des 60-74 ans s’établit à 2000 euros et le double pour les 10 % les plus riches. En termes d’évolution des revenus entre 2008 et 2011, la progression des très riches est plus faible que celle des autres tranches de revenus. Ce phénomène pourrait s’expliquer par l’impact sur les très hauts revenus de l’effondrement des cours de la bourse en 2008.
Quelles sont les limites de ce type d’outil ?
L’outil ne prend pas en compte les impôts, ce qui signifie que les progressions pour les plus aisés sont un peu surestimées. Les prestations ne sont pas non plus intégrées au calcul, c’est-à-dire que les revenus des plus pauvres apparaissent plus bas qu’ils ne le sont en réalité. De même, l’inflation n’apparait pas.
Tours par exemple enregistre une progression du revenu des plus pauvres de 23 euros en trois ans, ce qui, après inflation, fait tomber le chiffre à presque zéro. Les pondérations à apporter sont néanmoins faibles et ne modifient pas le jugement global à apporter sur les résultats.
Pourquoi ne pas prendre en compte les prestations sociales et les impôts ?
Il est difficile de recueillir les données de prestations sociales au niveau local. L’Insee devait rendre ces données accessibles en 2012, mais elles ne le sont toujours pas. Nous devons pour l’instant nous contenter de données, qui révèlent toutefois certains phénomènes intéressants comme un enrichissement des riches plus rapide que celui des pauvres.
En outre, cela démontre que nous nous trouvons en présence d’une phase de crise subie par les plus démunis, et ce même s’il est rare que les revenus des personnes âgées baissent.
De fait, on pourrait penser que les habitants les plus pauvres d’Amiens (ci-dessus) ne touchent que 246 euros, ce qui représente un revenu extrêmement bas. Il faut ajouter les prestations à ce montant pour s’apercevoir que le revenu minimum est un peu plus élevé en réalité.
Le niveau de vie médian s’établit à 1600 euros avec une cinquantaine d’euros de progression en tenant compte de l’inflation, ce qui n’est pas énorme en terme de pouvoir d’achat.
Le comparateur montre que la vie des plus âgés n’est pas mirobolante. Les plus riches bénéficient des progressions les plus fortes comme on le remarque à Rennes où les revenus des plus pauvres ont chuté de 29 euros entre 2008 et 2011, mais ont progressé de 329 euros pour les plus riches.
Certains écarts de progression entre revenus médians et hauts revenus sont très élevés comme à Montpellier…
Il y a de bonnes chances pour que dans ces grandes villes, les ménages aisés possèdent des revenus issus de la location. A Paris par exemple, le niveau de progression des 60-74 ans les plus riches est de 470 euros pour s’établir à 6530 euros, avec un écart très important avec les autres tranches de revenus.
Le comparateur peut-il servir d’outil pratique aux communes ?
Cet outil doit servir aux communes pour se faire une idée du niveau de vie de leur population vieillissante, ainsi qu’à prendre conscience de l’importance de disposer de données plus fines pour réaliser un état des lieux. Certaines communes sont très avancées dans la connaissance des données sociales, mais pas toutes. Il existe une très grande inégalité dans l’analyse de ces questions.
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- Consultez le dossier complet sur le site de la Gazette Santé Social
- Consultez notre Comparateur des territoires : les niveaux de vie au niveau communal