16ème sur 70 : la France ne brille pas particulièrement dans le classement Open Data Index qui analyse l’ouverture des données, dévoilé lundi 28 octobre. Ce premier classement d’envergure a été établi de façon collaborative par l’Open Knowledge Foundation, une association qui milite pour la culture libre et promeut à ce titre la gouvernance ouverte.
Il a été établi selon l’ouverture de dix sets de données majeurs : résultat des élections, dépenses publiques, émission de pollution, etc. Chaque item est lui-même noté selon plusieurs critères : la licence, le format, la gratuité…, pour juger s’il respecte bien les principes fondamentaux de l’open data.
« Si des progrès indéniables ont été réalisés ces dernières années, beaucoup reste à faire », regrette l’OKF. Sur les 700 jeux de données évalués, seuls 86 obtiennent le score maximal, soit 12%. De nombreux pays n’ont pu être évalué faute de contributeurs ou d’informations disponibles. Parmi eux, « 30 pays qui font partie du Partenariat des Gouvernements Ouverts », note l’association, qui tient son sommet annuel de mercredi 30 octobre à vendredi 1er novembre.
Chères redevances – En tête de ce classement, on retrouve les pays anglo-saxons, pionniers sur l’open data, et nordiques : Grande-Bretagne, Etats-Unis, Danemark, Norvège. La France n’arrive donc qu’en 16ème place, derrière la Moldavie ou la Bulgarie, qui n’ont pas la réputation d’être particulièrement transparents.
« Bien que le pays ait signé la charte Open Data du G8 et soit engagé dans l’ouverture des données avec data.gouv.fr, trop de données publiques fondamentales restent indisponibles, déplore le chapitre français de l’OKF, ouvert cette année.
La réutilisation et le partage des données sur les entreprises et sur les textes de lois restent soumis à redevance. Les cartes de faible résolution fournies par l’IGN en open data limitent les possibilités de réutilisations. Dans le secteur du transport, la SNCF ne publie toujours pas les horaires détaillés de ses trains à grande vitesse. Enfin, le détail des dépenses publiques reste hors de portée des citoyens ».
Les codes postaux ne sont également pas accessibles, alors qu’ils sont très utiles pour éviter des erreurs de géolocalisation dues à des communes homonymes et donc un nettoyage fastidieux des données.
« Décrire une réalité complexe avec des métriques unifiées » – Henri Verdier, qui dirige la mission Etalab en charge de l’ouverture des données en France, nuance ce résultat, quitte à tordre la définition de l’open data : « Un peu comme le classement de Shangaï pour les universités, l’Open Data Index a les inconvénients de ses avantages : il essaye de décrire une réalité complexe avec des métriques unifiées. Il adopte par exemple une définition très stricte de l’open data (format ouvert, gratuité et liberté de réutilisation). De ce fait, il récuse la qualité de « données ouvertes » à certaines données qui sont publiées par la France, gratuites et numériquement exploitables mais ne donnant pas lieu à droits de réutilisation. De même, il se concentre sur un coeur de jeux de données, et ne tient pas compte de toutes les autres données qui ont été partagées ».
Pour lui, il n’y a pas de retard de la France, mais développement de « sa propre politique d’ouverture et de partage des données publiques, fondée sur sa propre vision. Nous avons par exemple une grande attention à l’utilisation des données ouvertes au service de la modernisation de l’action publique ou aux coopération entre l’Etat et les collectivités locales. Nous serons prochainement le pays le plus avancé dans la mise en oeuvre d’une démarche de co-construction des données et des réutilisations avec les citoyens. Les initiatives en cours, en premier lieu la nouvelle plateforme en cours de préparation, mais aussi les débats thématiques, les progrès imminents en matière de gratuité, les prochaines ouvertures et préparation, devraient améliorer nettement la perception de la qualité de nos travaux par nos partenaires ».
Piqure de rappel en septembre – Les « progrès imminents en matière de gratuité » évoqués renvoient au rapport du magistrat à la Cour des Comptes Mohammed Adnène Trojette sur la question brûlante des redevances. Il propose d’en finir progressivement avec ce frein à la réutilisation.
Mais dans le contexte actuel, l’open data ne fait pas partie des priorités des ministères, même si le gouvernement avait affirmé sa volonté de poursuivre la politique d’ouverture entamée en 2011 dès ses premiers pas. Début septembre 2013, le Premier ministre avait ainsi envoyé une circulaire en guide de piqure de rappel, assorti d’un vade-mecum.
Cet article fait partie du Dossier
Open Data et réutilisation des données publiques : des promesses vertigineuses
Sommaire du dossier
- Les grandes collectivités, locomotives de l’open data
- L’Union européenne précise les modalités de publication des données ouvertes
- Quand la data éclaire la politique de la ville
- Politique de la ville : et une, et deux, et trois « clauses data »
- « On croit que la Cnil n’aime pas l’échange de données, mais pas du tout ! »
- Charte territoriale de la donnée, mode d’emploi
- Culture de la donnée : zoom sur deux projets territoriaux
- Echange de données : ce que change la loi 3DS
- Respecter les standards de données en 5 points clés
- Données et algorithmes : une feuille de route dessine la relation Etat-collectivités
- Une circulaire pour une meilleure circulation des données
- Garantir la souveraineté de la collectivité sur ses données
- Garantir la transparence et l’ouverture des données publiques
- Dijon géolocalise ses bassins d’emploi pour mieux identifier leurs besoins
- Protéger les données à caractère personnel
- Des idées de nouveaux services foisonnent grâce à l’open data
- Ce qu’il faut retenir du projet de loi pour une République numérique
- Rennes métropole dresse un bilan nuancé de son service public de la donnée
- Open data et collectivités : qui fait quoi, et comment ?
- Open data : « Le mouvement qui s’enclenche est inéluctable » – Axelle Lemaire
- « L’opendata est avant tout un projet organisationnel » – Laurence Comparat
- Mobilité : l’échange de données est-il gagnant-gagnant ?
- Les alléchantes données d’Uber aiguisent l’appétit des collectivités
- « Voir les données comme une infrastructure est un enjeu majeur de souveraineté » – Henri Verdier
- Une interco pionnière dans l’ouverture des données
- “L’open data par défaut ne pourra pas se faire sans médiation numérique” – Samuel Goëta
- Révision à la baisse de l’opendata dans les collectivités locales
- Open data, un nouvel élan pour le tourisme
- Libre accès aux données publiques : comment mettre en œuvre les nouvelles obligations
- Open data : comment réussir l’ouverture de ses données publiques
- En Nouvelle Aquitaine, l’observatoire Nafu affûte la connaissance du foncier grâce aux données publiques
- « L’open data ne devrait être qu’une des modalités d’ouverture des données publiques »
- Open data : l’Occitanie est un territoire-pilote
- Rennes construit le « service public métropolitain de la donnée »
- Quand les agences d’urbanisme se saisissent de l’open data
- Coopération public – privé et données : comment et pourquoi les collectivités doivent reprendre la main
- Le décret sur les données de référence, nouvelle pierre pour la généralisation de l’opendata
- Projet de loi Valter : un (tout) petit pas pour l’opendata
- Réutilisation des données publiques : des promesses vertigineuses
- L’open data, atout maître dans la course aux économies ?
- L’ouverture des données publiques en France reste perfectible
- Mobilités : les collectivités se rapprochent d’Uber, Waze et Blablacar
- La métropole, « bonne échelle pour développer le service public local de la donnée »
- Le fouillis des licences open data s’éclaircit [Fiche pratique]
- “Les données d’autorité restent un instrument de souveraineté”- Pascal Berteaud, DG de l’IGN
- Open data : le service public augmenté – Des données ouvertes de plus en plus cadrées
- Données publiques : une nouvelle économie des services publics en débat
- Les acteurs publics, gros acheteurs des données… publiques
- OaklandOpenBudget ou quand les citoyens se saisissent de l’Open Data
- Open data : quels coûts pour les collectivités territoriales
- Open data : le service public augmenté – 1. Cap sur la réutilisation
- Open data : le service public augmenté – 3. Des territoires riches de données
- Open data : le service public augmenté – 2. L’atout de la mutualisation
- L’open data, véritable voie de modernisation pour les administrations
- Open data et tourisme : un potentiel qui reste à transformer
- « Les collectivités, premières bénéficiaires de l’open data » – Claire Gallon, LiberTIC
- Open data : la transparence démocratique demeure virtuelle
- La FING, partenaire et centre de ressources
- Une évaluation sans concession mais lucide de l’open data en Loire-Atlantique