10 terawattheures supplémentaires par an : c’est la proposition-phare du « Livre blanc de l’incinération », qu’a présentée le Syndicat national du traitement et de la valorisation des déchets (SVDU), le 11 octobre 2013 à Paris.
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Un EPR aujourd’hui, deux demain : c’est au nucléaire de troisième génération que les professionnels de l’incinération des déchets comparent la production énergétique de leurs usines. Le parc de 127 incinérateurs (traitant 13 millions de tonnes par an) produit aujourd’hui autant qu’un réacteur à eau pressurisée (1) et la performance pourrait doubler dans un avenir proche, a ainsi affirmé Luc Valaize, président du Syndicat national du traitement et de la valorisation des déchets urbains (SVDU), lors de la présentation de l’édition 2013 du « Livre blanc de l’incinération », le 11 octobre à Paris.
Encourager la production thermique – L’industriel s’affiche « confiant sur la multiplication par deux, d’ici 2017, de la production énergétique du parc existant, sans brûler une tonne de plus et à coût zéro pour les finances publiques ». C’est de la chaleur et de la vapeur que viendrait le surplus, la production d’électricité étant déjà systématiquement pratiquée (2). Peu populaire, l’incinération s’est en effet beaucoup implantée à distance des centres urbains … et des utilisateurs potentiels d’énergie thermique. « Or, en ne valorisant l’énergie contenue dans les déchets que sous forme d’électricité, vendue à ERDF, le rendement énergétique ne peut dépasser les 40 % », observe Luc Valaize, par ailleurs directeur général du groupe Tiru.
Tout l’enjeu est donc de convaincre les collectivités, propriétaires de la majorité des incinérateurs, de s’orienter vers la cogénération (production combinée de chaleur et d’électricité) pour doper le rendement énergétique. Selon Luc Valaize, la production thermique additionnelle émanera du « milieu de tableau », c’est-à-dire des usines dont l’efficacité énergétique est supérieure à 50 %. Ces dernières sont en position intermédiaire entre un tiers du parc, dont le rendement excède 60 %, et un dernier tiers, « électrogène pur jus », où l’efficacité plafonne sous 40 %.
Des utilisateurs à 10 km- Alimentation de réseaux de chaleur, d’installations industrielles (briqueterie, laverie) ou agricoles (serres, séchage de foin) … Une bonne vingtaine de projets « avancent bien », note Luc Valaize. Tirer des tuyaux de l’usine d’incinération au site consommateur est économiquement viable « jusqu’à 10 km de distance », précise le président du SVDU. « A Nîmes (Gard), un réseau de 7 km reliera l’incinérateur au réseau de chauffage urbain. Les abonnés verront leur facture énergétique divisée par deux par rapport à l’approvisionnement antérieur en chaleur issue d’énergies fossiles », souligne-t-il. A Pontenx-les-Forges (Landes), l’usine chauffera 10 ha de serres, qui produiront 5 000 tonnes de tomates par an et créeront une centaine d’emplois. « A Pontivy (Morbihan), l’incinérateur dessert un équarisseur et un producteur de lait en poudre, lequel pousse à ce que soit implantée une deuxième ligne qui augmenterait la production d’énergie, dont il serait preneur », relate Luc Valaize. Le SVDU, l’Ademe et l’association Amorce s’attellent à la rédaction de « fiches-types » sur les conditions d’alimentation en chaleur et vapeur de bâtiments industriels et agricoles.
Tarifs d’achat lissés, TGAP différenciée – Pour stimuler la production thermique, le SVDU avance des propositions à coût nul pour le budget de l’Etat. Il plaide ainsi pour une refonte des tarifs d’achat de l’électricité, qui ne seraient plus saisonniers mais stables tout au long de l’année : le « bonus » accordé l’hiver au courant issu des incinérateurs ne ferait donc plus concurrence à la production de chaleur. Le syndicat défend aussi une nouvelle répartition des prélèvements effectués sur l’incinération au titre de la taxe générale sur les activités polluantes (environ 130 millions par an) : les usines dont l’efficacité énergétique dépasse 60 % seraient exonérées de TGAP et celles à faible rendement, assujetties à une taxe rehaussée.
Concernant l’énergie thermique, l’appui du « Fonds chaleur » pourrait être amplifié : l’Ademe, qui ne soutient jusqu’à présent que les créations ou extensions de réseaux, étudie un éventuel appui à la reconfiguration des chaufferies, indique-t-on au SVDU. « Ce qui mettrait les déchets au même régime que la biomasse », relève Luc Valaize.